Le média costaricain La Nacion a récemment rapporté que cinq fonctionnaires de l'agence costaricaine de renseignement se seraient rendus à Taïwan au mois de mai dernier, afin de suivre une formation de 23 jours en matière de renseignement de sécurité. Il s’agirait de la première interaction officielle en matière de renseignement entre les deux gouvernements depuis la rupture diplomatique en 2007.
Cette initiative a suscité le mécontentement de la Chine, qui s’est exprimée par la voix de son ambassade au Costa Rica. Celle-ci a publié une déclaration le 14 juin, selon laquelle cette initiative violait “la politique d’une seule Chine”. L’ambassade a rappelé que la Chine s’oppose fermement à toute forme d’échanges officiels entre le Costa Rica et Taïwan.
La page Facebook de l'ambassade de Chine a été inondée de nombreux messages de Costaricains ces derniers jours, dont certains ont soutenu Taïwan, d’autres la Chine, et certains ont critiqué la Chine pour son ingérence dans les affaires intérieures du Costa Rica.
Si certains médias costaricains ont estimé que la formation des agents du renseignement à Taïwan pouvait être une ligne rouge de la Chine, le gouvernement du Costa Rica n’a pas réagi à ce stade aux protestations chinoises. Le gouvernement chinois n’a pas non plus annoncé pour le moment s’il prendra des mesures de rétorsion à l'encontre du Costa Rica.
A noter que le Costa Rica et la Chine se sont déjà affrontés à plusieurs reprises sur plusieurs dossiers ces dernières années. Le gouvernement costaricain a publié un décret en août 2023 interdisant aux entreprises non signataires de la Convention de Budapest de participer à la construction du réseau de télécommunications 5G du Costa Rica. Cette initiative a suscité le mécontentement du gouvernement chinois, et l’entreprise chinoise Huawei a intenté une action en justice contre le gouvernement costaricain, estimant que cela portait atteinte à ses intérêts commerciaux et violait les traités internationaux, exigeant que le gouvernement costaricain lève son interdiction.
Cette action en justice a été rejetée par un tribunal costaricain en février dernier. Le tribunal a souligné que l'intérêt public primait sur les intérêts commerciaux des entreprises et que la protection de la vie privée des utilisateurs et de la sécurité nationale était la priorité du gouvernement. Cette décision revient à confirmer l'exclusion des industries chinoises des télécommunications, dont Huawei, du Costa Rica.
De plus, Huawei a fait l'objet d'une enquête judiciaire depuis décembre dernier, car l’entreprise est soupçonnée d'avoir obtenu un contrat d'équipement de communication 5G du Costa Rica par des actes de corruption et de fraude. Le président costaricain Rodrigo Cháves a non seulement condamné publiquement Huawei, qualifiant cette affaire de scandale, mais a également souligné que le gouvernement costaricain avait engagé des poursuites pénales contre Huawei et son directeur général chinois au Costa Rica, ainsi que contre des fonctionnaires corrompus.
A noter également, lors de sa visite au Costa Rica en février et de sa rencontre avec le président Chávez, le Secrétaire d'État américain Marco Rubio avait félicité le Costa Rica pour sa fermeté et l'exclusion de Huawei du réseau 5G local, qualifiant le Costa Rica de « modèle pour l'Amérique latine et le monde ».
Depuis l'époque de l'ancien Président Joe Biden, les États-Unis ont renforcé leur coopération avec les pays d'Amérique latine, afin de bloquer l'expansion de Huawei, considérant qu’il s'agit d’une menace pour la sécurité de l’information. L'actuel Président Donald Trump a pris des mesures encore plus actives depuis son entrée en fonction.