
Le tribunal de Taipei a tranché le 19 juin dernier concernant l’appartenance des journaux intimes et des documents du généralissime Tchang Kaï-chek (蔣中正) et de son fils Chiang Ching-kuo (蔣經國). L’ensemble des microfilms des journaux des deux anciens dirigeants taiwanais, les 235 journaux intimes, copies des journaux, ordres, documents relatifs aux affiares étrangères et objets relevant de leurs mandats appartiennent de droit à la République de Chine (Taiwan) et doivent être gérés par l’Academia Historica (Archives nationales de Taïwan). Les 232 écrits ne relevant pas des périodes de leurs mandats présidentiels ne sont pas des biens de la nation mais reviennent à la famille Chiang. Le dossier peut être porté en appel.
Transferts des journaux intimes
En 1962, l’ancien président de la République Tchang Kaï-chek a commencé à transférer ses journaux intimes, d’autes documents du palais présidentiel et archives datant de 1907 à 1972 à son fils Chiang Ching-kuo. Ce dernier a joint à ces pièces ses propres journaux intimes de la période de 1938 à 1979 qu’il a confiés ensuite à son troisème fils Chiang Hsiao-yung (蔣孝勇). Après avoir réalisé des microfilms de ces écrits et documents en question, Chiang Hsiao-yung a donné l’ensemble des microfilms ainsi que des écrits et documents à son épouse Chiang Fang Chi-yi (蔣方智怡). Après le décès de son époux, Chiang Fang Chi-yi a confié en août 2005, la gestion et la conservation de ces microfilms et journaux à l’institution Hoover de l'université Stanford pour une période de 50 ans.
Désaccord familial et origine des procès
En 2010, Chiang Yu-mei (蔣友梅), la petite fille de Chiang Ching-kuo, fille de Chiang Hsiao-wen (蔣孝文, fils aîné de Chiang Ching-kuo) se prononce en estimant que ces journaux et documents appartiennent à l’ensemble de la famille Chiang. Chiang Yu-mei intente ainsi un procès contre Chiang Fang Chi-yi en 2010 avant de retirer son action l’année suivante.
En septembre 2013, pour éviter tout désaccord, l’université Stanford a intenté un procès pour confirmer le droit de propriété sur ces journaux et documents en question aux Etats-Unis contre tout éventuel propriétaire de la famille Chiang. A peine un mois plus tard, Chiang Fang Chi-yi ainsi que six autres membres de la famille Chiang décident de transférer les droits sur ces écrits et documents à l’Academia Historica. En avril 2014, l’université Stanford a ainsi ajouté l’Academia Historica taiwanaise à sa liste des accusés dans le procès.
Transfert du procès à Taiwan
En 2015, l’Academia Historica a demandé à ce que le procès soit transféré à Taiwan auprès de la justice américaine qui autorise ce transfert. S’ensuit un procès civil contre plusieurs membres de la famille Chiang en novembre de cette même année. Au cours du procès, l’Academia Historica s’est réconciliée avec une partie de la famille Chiang. Néanmoins, sept personnes dont Chiang Yu-mei restaient toujours sur le banc des accusés. Chiang Yu-mei estime qu’il n’était pas encore prouvé que Chiang Fang Chi-yi ait acquis la propriété des microfilms. Quant aux journaux intimes, ils doivent selon elle appartenir à l’ensemble des héritiers de Tchang Kaï-chek et de Chiang Ching-kuo. Par conséquent, Chiang Fang Chi-yi n’a pas le droit de décider à elle seule de la gestion de ces documents.
Verdict
Le 19 juin, le tribunal de Taipei a tranché sur ce dossier:
- Les 80 microfilms réalisés avec le financement de Chiang Hsiao-yung avaient été offerts à son épouse Chiang Fang Chi-yi pour les conserver. Le problème de propriété ne se pose donc pas. Chiang Fang Chi-yi ayant déjà cédé ses droits à l’Academia Historica, cette dernière institution en est le propriétaire légitime. Ces microfilms concernent l’ensemble des journaux intimes de Tchang Kaï-chek et de Chiang Ching-kuo ainsi que des documents relatifs à la révolution.
- Les 235 journaux intimes, copies des journaux, ordres, documents relatifs aux affaires étrangères, les journaux des gardes des deux présidents relevant des mandats de ces deux anciens dirigeants appartiennent à la nation conformément aux réglementations sur la gestion des objets culturels des dirigeants.
- Les 232 journaux intimes et des copies, certaines lettres de familles ne relevant pas des périodes des mandats présidentiels ne sont pas des biens de la nation mais reviennent à la famille Chiang. Même si une partie de la famille Chiang a décidé d’offrir ces documents à la nation, sept membres de la famille ne consentent toujours pas ce don. Par conséquent, ces pièces ne reviennent pas à l’Academia Historica.