
Cela fait déjà plus de quatre mois que la guerre en Ukraine a commencé. La journée mondiale des réfugiés nous rappelle que malgré une certaine volonté publique et officielle du gouvernement taïwanais à vouloir accueillir les réfugiés victimes de l’autoritarisme ou des conflits sur leurs territoires, les difficultés ne s’arrêtent pas au moment où les réfugiés posent leurs pieds sur le sol démocratique de l’île.
C’est ce que rappelle aujourd’hui l’antenne Taïwan de l’Amnesty International et l’Association pour la promotion des Droits Humains de Taïwan, qui ont tenu aujourd’hui une conférence de presse au Parlement pour demander au gouvernement de donner un soutien concret aux réfugiés arrivés ces dernières années à Taïwan, notamment les réfugiés hongkongais arrivés après la loi sur la sécurité nationale ciblant, principalement les manifestants actifs contre la loi sur l’extradition, ou encore plus récemment les réfugiés ukrainiens et autres réfugiés de communautés moins représentées.
M. Shevchenko, un Ukrainien habitant à Taïwan depuis plus de 3 ans, témoigne des difficultés pour lui de rentrer en Ukraine pour une courte durée ou se rendre à l’étranger, en raison des mesures liées à la pandémie et à la guerre en Ukraine. Il explique le problème lié aux extensions de visa qui prolonge à chaque fois son autorisation de séjour de 30 jours. Cette extension aide à rester sur le territoire mais les opportunités de travail sont difficiles à trouver et il est impossible pour lui de louer un appartement avec ce type de visa. Il a pour seule solution actuellement de faire des spectacles de rue pour survivre.
Il explique que ce type de vie reste précaire et que ce n'est pas le mode de vie auquel il aspire. Cela fait plus d’un an et demi qu’il est à Taïwan sans permis de travail, de carte d’assurance maladie ou de carte de résident (ARC).
L’Association rappelle que les étrangers à Taïwan restent dans le cadre de positions de cols blancs et que les conditions pour les embaucher restent très différentes de celles pour les Taïwanais ne rendant pas la tâche facile pour les réfugiés tels que M. Shevchenko qui n’a pas de diplôme universitaire et que le manque d’un statut juridique adapté aux réfugiés ne leur donne aucune possibilité d’envisager leur vie sur le territoire sur une plus longue durée.
Le bureau de l’immigration est accusé de ne pas avoir élaboré de loi sur les réfugiés. Les associations de défense des droits humains soulignent que le gouvernement devrait au moins amender l’alinéa 1 de l’article 51 de la loi sur les services au travail pour permettre aux «immigrés avec statut de réfugié » d’avoir accès à un permis de travail peu importe son statut et ainsi s’aligner sur le droit des réfugiés de la plupart des pays démocratiques.