
Interviewé hier par RTI, le fondateur de United Microelectronics (UMC) Robert Tsao (曹興誠) a critiqué la politique du Kuomintang (KMT) basée sur le consensus de 1992. Robert Tsao a fait remarquer que si pour le KMT, le consensus de 1992 reconnaît l’existence d’une seule Chine tout en revendiquant la liberté d’interpréter ce que représente la Chine (en l'occurrence, pour le KMT, la République de Chine(Taïwan)), la Chine n’a, en revanche, jamais accepté cette interprétation.
Le fondateur du deuxième sous-traitant mondial des semi-conducteurs a également déclaré que la politique d'une seule Chine du KMT avait entravé la reconnaissance mondiale de Taïwan. En effet, le KMT a fait inscrire dans la Constitution que la République de Chine était la seule Chine. Une initiative prise dans un contexte de guerre froide, à une époque où le KMT disait vouloir conquérir le continent chinois. Robert Tsao estime que cela a contribué à créer un statut confus pour Taïwan.
Robert Tsao a noté que Taïwan avait eu la possibilité d'être reconnu comme un pays distinct aux Nations unies en 1970, mais que Tchang Kaï-chek (蔣介石 ) avait rejeté cette opportunité en raison de son insistance sur la politique d’une seule Chine. Tsao a ensuite souligné le fait que la politique d'une seule Chine du KMT était à l'origine des défis auxquels Taïwan est actuellement confrontée dans son identité mondiale.
Le magnat de la technologie a déclaré que les États-Unis et d'autres pays devraient reconnaître Taiwan comme un pays indépendant, mais qu'il est difficile pour les autres pays de le faire lorsque les partis politiques taïwanais prônent eux-mêmes cette politique d'une seule Chine.
Robert Tsao a encore affirmé le fait que cette politique d’une seule Chine constituait un fardeau conséquent sur les Taïwanais, comparant Taïwan et la Chine à deux rames sur une seule voie ferrée qui risquent d’entrer en collision puisque cette politique d’une seule Chine n’admet pas l’existence de deux Chine. Or, dans le passé, Taïwan ne pensait pas que ces deux rames pouvaient entrer en collision. Mais de nos jours, la rame de la Chine est tellement gigantesque que celle de Taïwan doit changer de voie. La deuxième méthode pour éviter la collision serait de déposer un obstacle sur le rail : cet obstacle représenterait le maintien du statu quo qui existe depuis des années 1950. Selon Robert Tsao, il est grand temps que le KMT abandonne la politique d’une seule Chine pour que le monde reconnaisse la souveraineté taïwanaise.
Enfin, Robert Tsao a évoqué l’existence du virus de la Révolution culturelle qui persiste en Chine, affirmant que ce qu’il a observé durant le mouvement populaire contre le projet de loi d’extradition à Hong Kong lui avait permis de constater que ce virus était bel et bien actif chez Xi Jinping. Tsao a ensuite affirmé que cette observation avait renforcé sa propre détermination à s’opposer au régime communiste chinois.
Notons que le fondateur de UMC a récemment fait don, lors des récentes manœuvres militaires chinois autour de l’île, de 100 millions de dollars américains pour la défense de Taïwan. Il avait alors déclaré que tandis que la Chine renforçait sa menace militaire contre Taïwan, le peuple taïwanais devait être déterminé à son tour à renforcer ses capacités de défense pour dissuader la Chine.