La 9e édition du Taiwan International Queer Film Festivla, a officiellement été inaugurée hier avec, dans un premier temps, trois jours de séances à Taipei ce week-end puis, dans un deuxieme temps, deux jours de séances dans la ville de Taichung le week-end prochain.
Yu Ting-ging, directrice du festival queer de Taiwan, est revenue sur les origines du festival, créé il y a déjà presque dix ans de cela : "Ce festival existe depuis 9 ans et a été créé par Jay Lin et Rita Lin, dans un contexte ou le mariage homosexuel n'était pas encore légal. Ils ont donc voulu donner un espace de parole pour discuter de genre et de sexualité avec nos familles et avec la société. Ils souhaitaient, à travers des films, raconter des histoires qui aideraient les gens à comprendre et à accepter. Au tout début de l'histoire du festival, notre sponsor principal était Jade Lin, qui disposait de beaucoup de ressources financières. Au bout de 2-3 ans, le festival est devenu très populaire auprès des gays et des lesbiennes de Taiwan qui attendaient avec impatience chaque édition."
Le festival a été inauguré vendredi avec, en guise d'ouverture, le film Firebird du réalisateur estonien Peeter Rebane, qui raconte une histoire d'amour cachée entre un soldat estonien et un mystérieux pilote du nom de Roman, et la peur constante que cette histoire et que leur sexualité ne soient découvertes. Yu Ting-ging explique que le sujet du film représente bien le dilemme de nombreuses personnes LGBT à Taiwan, puisque la sexualité reste un sujet tabou :
"Les sujets tels que le genre ou la sexualité ont toujours été cachés dans la société taïwanaise. On ne parle pas ouvertement de sexe, de genre ou de sexualité et cela nous empeche de dire qui nous sommes et ce que nous voulons. Et le cinéma donne justement ce pouvoir de dire les choses. C'est pourquoi j'ai voulu travailler sur la programmation de ce festival, en lui donnant comme thème l'infinité des genres."
Le programe comprend une section intitulée Queer Poetic, avec des films poétiques et sensibles. On y trouve le film sud-africain A Bloom, d'Antony Rangel Col, ou encore le film Czechoslovakia du Peruvien Dennis Perinango. C'est l'histoire d'un mécanicien qui épie une équipe locale de joueuses de volley trans, avant de se rendre compte que son assistant Pedro a la même habitude, ce qui permet de se rapprocher. Yu Ting-ging espère qu'en choisissant des films ou se jouent des émotions particulièrement fortes, le festival pourra attirer un public non initié et participer à élargir la compréhension vis-à-vis de la communauté LGBTQIA+ :
"Je trouve que notre audience a changé mais nous avons tout de même gardé un public qui aime beaucoup notre festival et qui nous soutient depuis de nombreuses années. Et ce que j'essaie de faire en travaillant pour ce festival, c'est de construire un pont pour réunir ensemble les homosexuels et les hétérosexuels. Je souhaite que ce festival de films puisse servir non pas seulement à faire plaisir aux gens de la communauté LGBT mais aussi aux gens en dehors de cette communauté. Pour tenter d'atteindre ce gens, j'essaie de sélectionner des films pleins d'émotion, des histoires particulièrement touchantes."
Fait notable, le programme de cette année comprend de nombreux films mettant en scène des histoires de personnes transgenres, avec par exemple le film indien Sanwri - Love beyond Gender de la réalisatrice, Pallavi Roy,qui a déjà réalisé de nombreux documentaires avant de créer sa propre entreprise de production qui se concentre sur des thématiques féministes. Sanwri - Love Beyond Gender est son premier film de fiction en termes de réalisation et d'écriture.