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Un streamer taïwanais banni sur Twitch juste pour avoir lu un mot ressemblant phonétiquement au « N word »

  • 12-02-2023
  • La Rédaction
Un streamer taïwanais banni sur Twitch juste pour avoir lu un mot ressemblant phonétiquement au « N word »
L'influenceur et joueur d'eSport (LoL) Stanley (photo page facebook Stanleylol)

C’est un des joueurs d’eSport les plus suivis de Taïwan. Vainqueur de la saison 2 du tournoi international de League of Legends avec Les Taipei Assassins en 2012, devenu depuis la J Team, Stanley a annoncé quitter Twitch après plus de 10 ans d’utilisation de la plateforme.

Surfant sur la popularité acquise après cet exploit sportif, Stanley, ou de son pseudo sur Twitch relaxing234, est devenu une figure iconique du réseau social interactif et de la sphère des influenceurs en général. Alors qu’il avait lancé son compte Twitch en 2011, et après plus 10 ans sur les différents réseaux sociaux, il se retrouve pour la première fois banni de l’application Twitch, et ce, pour 30 jours alors que le joueur diffuse du contenu quasi quotidiennement sur la plateforme appelée en mandarin « Tuqi » (圖奇). La raison ? Il a utilisé un nom d’oiseau très controversé aux États-Unis, pendant une diffusion du 3 février, lorsqu’il remerciait une des personnes de sa communauté pour s’être abonnée à son contenu. Le nom de l’utilisateur avait une forte similarité avec le mot commençant par un N en anglais.

Avec une communauté de 458 000 inscrits sur Twitch, 473 000 abonnés sur Youtube ou encore 360 000 inscrits sur Facebook, ses décisions ne sont pas prises à la légère par sa communauté. Il réfléchissait déjà depuis plusieurs semaines à quitter Twitch pour Youtube.

Une des principales raisons pour laquelle il a songé à quitter est un problème latent pour les influenceurs taïwanais : la mauvaise gestion de la langue chinoise par les plateformes américaines.

En mai 2022, suite à plusieurs attaques sur ses méthodes de modération, Twitch a révélé que, d'après une enquête interne, 99 % des jugements de « bannissement de chaine » à l’époque (c'est-à-dire l'interdiction temporaire de diffusion pour les créateurs de contenu) sont justifiés et donc que les normes et conditions existantes ne seront pas modifiées.

Cette réponse a été issue suite au fait que de nombreux diffuseurs ont été bannis de Twitch pour des raisons inconnues (soupçonnées d'être liées à la catégorie bateau de bannissement sous la bannière « discours haineux »). Il était alors impossible, malgré les différentes requêtes des propriétaires de la communauté, d’avoir un retour ou une réponse de la part de Twitch concernant les motifs du bannissement. Une situation généralisée qui a suscité la controverse. Bien que d'une manière générale, l'hôte n’est banni que pendant un, trois ou sept jours, ce genre de sanctions pèse et change complètement les sources de revenu des créateurs de contenu. Non seulement, cela retarde le renouvellement des abonnements mais surtout il provoque presque automatiquement une baisse de popularité autant chez les spectacteurs que dans les algorythmes. Le 21 mai 2022, un autre joueur taïwanais du fameux jeux League of Legends, s’était fait bannir une journée sans avoir aucune précision et s’était plaint du manque d’information et d’explications rendues par Twitch.

Concernant la situation connexe, Angela Hession, vice-présidente du département Twitch Trust and Security, a déclaré que lors de sanctions, l’extrait de vidéo en infraction sera à l’avenir joint comme "preuve" et pourra également être utilisée comme référence pour le streamer. Avant la mise en ligne de cette nouvelle fonctionnalité, le responsable simplifiera aussi les canaux permettant aux hôtes de faire appel.

À l’époque, Hession avait souligné que la suppression rapide des vidéos et des diffusions en direct liées à la haine et au crime avait pour objectif principal de maintenir la sécurité des utilisateurs et de la plateforme. Elle annonçait par ailleurs que les méthodes de jugement et les ratios de punition resteraient controversés dans une certaine mesure, mais en joignant une courte vidéo des violations, Twitch espérait que le processus de traitement des « bannissements » soit plus transparent.

Depuis, la plate-forme de streaming de jeux de renommée mondiale « Twitch » a été prise de nouveau dans la controverse et s’est vu affublé un nouveau surnom à Taïwan : « la prison des mots ». De nombreux streamers et utilisateurs ont signalé que le mécanisme de censure de la parole de Twitch est devenu de plus en plus strict ces derniers mois, entraînant le bannissement inexpliqué par Twitch de créateurs allant de 3 jours à l’interdiction permanente.

En septembre, la thématique revient dans les médias, le 1er septembre, un journaliste a contacté les employés du service des relations publiques de Twitch à Singapour, car il n’y a pas de service similaire dédié aux utilisateurs taïwanais, par l'intermédiaire d'une société de relations publiques. Certains utilisateurs ont signalé que "la censure de la parole est devenue plus stricte" et ont demandé si Twitch avait pris différentes mesures expliquant ces changements. Cinq jours plus tard, Twitch a seulement répondu : "il n'y a eu aucun changement dans la politique et la mise en œuvre de leur modération", en se défendant que "les conditions d'utilisation et les normes communautaires de Twitch stipulent clairement sur la plateforme ce qui est autorisé et ce qui n'est pas autorisé ».

La société de relations publiques a déclaré qu'elle ne pouvait transmettre que certaines des spécifications publiques au nom de Twitch, et qu'il n'y avait aucun moyen de fournir une réponse formelle.

Depuis, les utilisateurs de Twitch Taïwan se sentent en danger, et ont mis en place un formulaire en ligne intitulé "les mots sensibles de Twitch" (圖奇敏感詞彙) pour se préserver des bannissements intempestifs de la plateforme. Cette liste, accessible par un lien Google doc, permet aux utilisateurs d'ajouter librement divers mots interdits et punis par Twitch, afin d'éviter aux créateurs de contenu des bannissements inutiles. À ce jour, plus de 100 mots interdits ont été certifiés comme ayant été sanctionnés par Twitch.

Le 8 décembre dernier, la streameuse "Wei Wei" a publié sur son Instagram personnel une photo sur laquelle elle demande pourquoi sa communauté "avait soudainement disparu", et a tagué les comptes de Twitch monde et Twitch Taiwan. Le streamer Ajin a publié une vidéo YouTube pour discuter des "rumeurs de contrôle renforcé de Twitch." Il a déclaré sans détours que les réglementations de Twitch et de YouTube sont assez vagues, et que la "version améliorée de la prison des mots" sur Twitch exercera une pression invisible sur les streamers qui veulent lancer leur chaîne.

Beaucoup de streamers ont réagi à l’époque, y compris le streamer nature et voyage (IRL) Joeykaotyk.

Ce dernier événement a été le début de la considération du streamer de LoL, Stanley, pour se retirer de la plateforme déjà relativement peu populaire à Taiwan.

Le bannissement du 6 février aura enfoncé le clou, emportant d’autres streameurs dans son sillon qui ont tous décidé de migrer vers d’autres solutions.

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