08-04-2021
Le décryptage d'aujourd'hui est consacré à la controverse autour du coton produit dans la région autonome du Xinjiang, en Chine, alors que plusieurs études académiques et témoignages montrent plusieurs années que la production de coton dans cette région repose en grande partie sur le travail forcé de personnes internées dans des camps, des camps pour la plupart peuplés par les Ouïghours, une minorité ethnique chinoise de confession musulmane.
De fortes tensions diplomatiques et économiques sont survenues, fin mars, entre la Chine et plusieurs pays occidentaux après que l’Union européenne, les Etats-Unis ou encore le Canada ont pris des sanctions contre les responsables chinois considérés comme étant ou ayant été impliqués dans des violations de droits de l’homme dans la région du Xinjiang.
Suite à ces sanctions, plusieurs géants du prêt-à-porter tels que H&M, Adidas, Nike ou encore PUMA, membres du Better Cotton Initative (BCI), ont annoncé qu’ils ne s’approvisionneraient plus en coton produit dans le Xinjiang pour fabriquer leurs produits.
Une décision qui a rendu furieux le gouvernement chinois et les internautes chinois pétris de patriotisme. Le Quotidien du peuple, journal d’Etat chinois, a ainsi appelé les consommateurs chinois à boycotter les marques telles que New Balance, Burberry, et tous les autres membres de la Better Cotton Initiative.
En fait, les tensions actuelles étaient plus ou moins prévisibles et avaient déjà commencé l’année dernière lorsque H&M avait publié un communiqué dans lequel la marque disait « s’inquiéter des déclarations selon lesquelles le coton produit dans la région du Xinjiang serait cultivé par le biais du travail forcé ». La marque avait ensuite ajouté dans son communiqué qu’elle mettrait fin à ses contrats avec la région si les accusations se révélaient véridiques. Le communiqué en question a ensuite été republié, dans la semaine de la polémique et après l’annonce des sanctions occidentales, par la Ligue de la jeunesse communiste, rajoutant un peu d’huile sur le feu.
La Chine a ensuite réagi aux sanctions en sanctionnant à son tour des députés européens, et des médias d’Etat chinois tels que Xinhua, Global Times ou encore China Central Television ont condamné H&M et d’autres marques pour avoir critiqué les droits de l’homme en Chine tout en faisant du profit sur le territoire chinoise.
De nombreux citoyens chinois mais aussi des célébrités ont décidé de boycotter les entreprises concernées. C’est le cas par exemple de stars chinoises telles que Victoria Song, chanteuse, danseuse, actrice et mannequin chinoise, ou encore de Tang Songyun, actrice chinoise, qui a annoncé rompre son contrat avec la marque Nike.
C’est aussi le cas de l’acteur chinois Huang Xuan, qui a terminé son contrat avec H&M, ou encore de Wang Yibo, rappeur, danseur et acteur chinois memebre du Boysband chinois et sud-coréen UNIQ, qui a lui rompu son contrat d’égérie de Nike en Chine.
La marque la plus affectée par les ruptures de contrat de ce genre est Adidas, avec 17 contrats terminés suite à la polémique. Le plus gros contrat perdu pour la marque est sans doute celui avec Eason Chan, un des chanteurs les plus connus à Hong Kong, qui a rompu son contrat avec Adidas après avoir coopérée pendant 10 ans avec la marque, mais aussi avec Calvin Klein et PUMA.
Son entreprise, My Kan Wonderland Limited, a annoncé le 25 mars sur Weibo, réseau social chinois de type WhatsApp, qu’elle boycotterait tous les comportements calomnieux à l’égard de la Chine. Une annonce qui n’a pas été sans conséquences, car si beaucoup de fans chinois ont salué la décision du chanteur, ce dernier a également été la cible de nombreuses critiques, et sa page Facebook a ainsi été inondée de milliers de commentaires critiquant sa décision.
La vague de boycotts de célébrités en soutien à la Pékin n’a donc pas seulement été suivie par des célébrités chinoises mais aussi hongkongaises et taïwanaises, dont une bonne partie des fans sont situés en Chine et qui ont souvent des contrats en Chine, ou qui ont tout simplement déménagé pour faire carrière en Chine, où le marché est plus important.
Certaines célébrités taïwanaises ont ainsi coupé leurs liens avec les entreprises ou plateformes de shopping en ligne qui continuaient de proposer les produits boycottés, en signe de soutien à la politique chinoise.
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