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Premier forum ministériel sur la coopération en indopacifique : ce qui a été discuté sur Taiwan

  • 23-02-2022
Décryptage
Premier forum ministériel sur la coopération dans l'Indopacifique (captureTwitter France Diplomatie)

Récemment la France a annoncé réaffirmer sa présence dans la région Indopacifique et diversifier ses alliances pour aider à la sécurité et y renforcer sa présence. Dans ce contexte, la ministre de la Défense française, Florence Parly, était en Indonésie il y a moins de deux semaines pour signer un contrat de 6 Rafales avec le gouvernement indonésien dans une commande totale prévue de 42 avions de combat. Ce contrat vient dans un contexte où la France cherche d’autres axes que la collaboration centrée sur une coopération avec le monde anglosaxon après la trahison du traité AUKUS qui n’inclut que l’Australie, l’Angleterre et les Etats-Unis et omettant la France. La conséquence de cette affaire aété lourde pour la France qui a vu un contrat très conséquent de sous-marins français avec l’Australie s'annuler.

Alors que la France commence à présider le conseil de l’Union Européenne, elle compte profiter de ce statut pour améliorer la position de l’Europe dans la zone Indopacifique. La zone Indopacifique désigne les pays donnant sur les océans Indien et Pacifique soit de l’Afrique du Sud aux îles polynésiennes. C’est donc dans ce cadre que la France marque le coup, dès les premiers jours de sa présidence, en organisant un forum inédit : le premier forum ministériel sur la coopération dans l'Indopacifique.

Un appel auxquels 53 pays répondront présents et 6 organisations internationales de la région Indopacifique.

En vue de ce forum, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a accordé récemment un entretien par écrit avec le média japonais Nikkei Asia. Voici l'article intégralement traduit :
Le ministre français croit que la sécurité du détroit de Taiwan est essentielle à la sécurité de la région Indopacifique, et a expliqué que Paris était « très désireux d’agir pour prévenir tout conflit. »

Jean-Yves Le Drian n’a pas directement mentionné la Chine lors de son entretien, mais ses déclarations n’ont pas laissé de doutes sur le sujet dont il faisait allusion et de la montée des menaces de Pékin envers Taiwan telles que les vols répétés autour de l’île.

« Nous condamnons toute tentative d’ébranler le status quo, ou toute action qui pourrait provoquer un incident qui mènerait à une escalade, c’est une inquiétude que nous partageons avec nos partenaires européens. »

En octobre dernier, le parlement européen votait une résolution pour renforcer les relations entre l’Europe et Taiwan et en décembre c’est un groupe de parlementaires français qui se rendait à Taiwan pour rencontrer la présidente Tsai Ing-wen (蔡英文).

Le ministre des Affaires étrangères français a déclaré que la France supportait toute initiative qui allait dans le sens d’améliorer les relations commerciales avec Taiwan, telle qu’un meilleur accès au marché avec la levée de certains droits de douanes.

L’Union Européenne est actuellement le quatrième partenaire commercial de Taiwan et le numéro un des investisseurs étrangers sur l’île. Jean-Yves Le Drian précise que ces investissements sont principalement dans les industries chimiques et électroniques, la finance et l’assurance.

La Chine s’est indigné des négotiations récentes entre Taiwan et les Etats-Unis pour la signature d’un accord commercial et s’en est régulièrement pris aux pays qui ont montré un soutien ouvert à Taiwan tels que la Lituanie. Plus Tôt ce mois-ci, Pékin a suspendu ses importations de boeuf, de produits laitiers de bière ou encore de rhum en provenance de l’état baltique.

Sur le sujet du premier forum ministériel sur la coopération en Indopacifique, Jean-Yves Le Drian a confié à Nikkei Asia qu’une partie des principaux enjeux clés du 21e siècle tels que l’économie, l’environnement et bien entendu les équilibres géopolitiques se joueront dans la région Indoacifique. L’indopacifique représente déjà trois cinquième de la population mondiale.

53 ministres étrangers et 6 autres représentants d’unions internationales de la région Indopacifique et d’Europe discuteront de sujets allant de la santé aux problèmes climatiques en passant par les défis de sécurité, ainsi que les questions de connectivité et de technologie numérique à travers le programme Global Gateway.

La France préside le Conseil de l’Union Européenne pour 6 mois et pousse pour mettre ses priorités à l’ordre du jour. Cela inclus le renforcement de sa relation avec la région Indopacifique où vivent près de 2 millions de Français.

NB : Selon un article récemment paru dans le journal La Croix, le chiffre exact serait plus d’1,6 million d’habitants, sans oublier la présence de 7000 soldats français.

Les ministres de la Défense français et japonais ont tenu une rencontre « 2+2 » le mois dernier où ils ont confirmé leur engagement à poursuivre une coopération visant à « maintenir les accès aux espaces communs libres et de contribuer au maintien de la stabilité » dans la région. Les deux pays coopèrent également militairement en organisant des exercices conjoints menés par les forces maritimes des deux pays. Les forces aériennes ont également signé un accord logistique commun en juin 2019.

« Nous sommes très fiers de contribuer au développement de nos partenaires économiques stratégiques de l’Indopacifique » s’est félicité Jean-Yves Le Drian.

La France est le troisième pays exportateur d’armes au monde selon le ministère de la Défense français. Néanmoins Paris a été très en colère lors de l’accord AUKUS qui a poussé l’Australie à annuler un contrat de sous-marins français.

Jean-Yves Le Drian rappelle que « les circonstances dans lesquelles AUKUS s’est formé ne correspondait pas au dialogue et à la coordination à laquelle la France s’attendait dans ce scénario ».

Il a voulu cependant rassurer en rappelant que malgré le refroidissement des relations, Paris et Washington ont repris le dialogue, rapidement après, pour reconstruire une coopération basée sur la confiance et la transparence.

Après tout, dit-il, les deux pays sont unis par des « visions véritablement similaires » sur la région notamment concernant le contrebalancement de l’influence militaire de la Chine dans l’Indopacifique.
Après cet article, dans notre sujet d'aujourd'huire il reste à parler des objectifs du forum et des discussions qui ont eu lieues. Voici comment est présenté ce sujet dans le dossier de presse que vous trouverez à la fin de l’article :

Le Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique sera l’occasion de témoigner de la force des liens qui existent entre les pays de l’UE et ceux de l’Indopacifique et de notre volonté, dès à présent, de les approfondir. Il s’agira ainsi de proposer un modèle européen de coopération, fondé sur le multilatéralisme et la règle de droit, mettant en pratique les principes de soutenabilité, d’ouverture et de réciprocité. Les ministres réfléchiront ensemble et pour la première fois dans ce format, aux initiatives et aux projets susceptibles de concrétiser et de renforcer la dynamique de partenariat entre l’UE et l’Indopacifique. Le rôle des collectivités d’outre-mer qui participent d’ores et déjà, en tant que telles, aux organisations régionales des océans Indien et Pacifique (La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et Polynésie française en particulier), sera également évoqué.

Un des points essentiels abordé et dont plusieurs personnes ont mentionné l'importance, notamment le ministre des Affaires étrangères français dans l’article de Nikkei Asia, est le maintien des voies maritimes ouvertes et accessibles.
Lors de l’ouverture du forum, présidé par Josep Borell pour cette première édition, Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a précisé et rappelé que c’était sur la demande des acteurs régionaux, que l’Union Européenne et en particulier la France, avait accepté d’aider à sécuriser les voies maritimes de la région.

Enfin lors de la conférence de presse faisant suite au forum, le représentant international du gouvernement français a évoqué Taiwan lors de la séance de questions réponses en réitérant plusieurs fois que la France ne reconnait qu’une seule Chine mais que rien n’empêchait d’avoir des relations avec Taiwan. La question, formulée par une journaliste de Nikkei Asia, était de savoir si l’Europe prévoit de développer des relations commerciales ou politiques plus prononcées avec Taiwan, à l’instar de certains de ses membres récemment, notamment certains pays baltes. Voici la réponse de Jean-Yves Le Drian :

« Nous avons sur Taiwan une position extrêmement claire : nous ne reconnaissons qu’une seule Chine. C’est un principe plusieurs fois répété, mais nous sommes préoccupés par la dynamique d’accroissement des tensions dans le détroit, et cela a un impact direct sur la sécurité de l’Union Européenne. Nous continuons à appeler au respect du statu quo qui garantit la sécurité du détroit. Mais le fait de considérer qu’une seule Chine ne nous empêche pas d’avoir, dans plusieurs axes de coopération et dans plusieurs forums, des actions de partenariat avec Taiwan. Je pense en particulier à la protection des données, aux semi-conducteurs et à la lutte contre le réchauffement climatique. Taiwan fait partie des partenaires avec qui l’Union Européenne s’est tissé des liens sur les bases d’une confiance réciproque, cela n’empêche pas notre réaffirmation qu’il n’y a qu’une seule Chine et que nous ne reconnaissons qu’une seule Chine. »
Ce que nous avons appris également, à travers les informations partagées à la presse lors du forum, est que l’Australie n’est désormais plus un partenaire stratégique de la France qui axe son partenariat sur l’Inde et le Japon alors que les partenariats avec l’Australie ne se feront plus qu’au cas par cas.
Enfin il faut noter que lors de ce forum 3 tables rondes sur les coopérations ont eu lieu dont les thèmes distincts étaient :
I) la sécurité et la défense
II) la connectivité et les questions numériques
III) les enjeux globaux tels que le changement climatique, la préservation de la biodiversité et des océans, ainsi que la santé

Pour compléter ce décryptage, retrouvez les différents supports suivants :
 

Pour en savoir plus sur la récente position de la France sur Taiwan et la région Indopacifique vous pouvez consulter le compte rendu communiqué après la dernière réunion 2+2 écrite par le ministère des Affaires étrangères français. Communiqué sur la réunion «2+2» entre la France et le Japon de France Diplomatie
Vidéo de présentation des sujets et enjeux du forum sur le compte Twitter de France Diplomatie
Vidéo de la conférence de presse suite au forum sur le compte Twitter de France Diplomatie
Dossier de presse du forum ministériel sur la coopération dans l'Indopacifique

Animateur(s) de l’émission

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