Un projet de loi qui criminalise le « triple talaq » (forme de divorce instantané reconnue dans une partie de la jurisprudence islamique) a une nouvelle fois été présenté par le ministre du Droit et de la justice au Parlement indien le 21 juin dernier. Déjà interdite dans 22 pays musulmans, cette pratique, qui consiste pour l’homme à répudier sa femme en prononçant « talaq, talaq, talaq », a déjà été rendue illégale et invalide par la Cour suprême indienne en août 2017.
Demandé depuis des années par des associations de femmes musulmanes, le texte est pourtant vivement critiqué, en partie par les mêmes personnes qui en avaient fait la demande à l’origine. En effet, de nombreux opposants au projet de loi tel qu’il est rédigé actuellement dénoncent une rédaction politisée et discriminatoire.
Avec une majorité des sièges acquis au Bharatiya Janata Party au pouvoir, la Lok Sabha, chambre basse indienne, devrait adopter le texte controversé. Mais c’est au niveau de la chambre haute que le texte pourrait à nouveau bloquer.
En fait, si le Muslim Women (Protection of Rights on Marriage) Bill affiche comme objectif de mettre fin à cette forme de divorce, plusieurs failles permettent de penser qu’en plus de ne rien changer, le texte manque cruellement d’ambition puisqu’il ignore une pratique beaucoup plus répandue : l’abandon des femmes indiennes sans procédure légale de divorce.