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Gros plan sur le rapport d'évaluation sur les droits de l'homme au Xinjiang du Haut-commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies

  • 06-09-2022
La revue Asie-Pacifique
La Haute-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet, avant d'effectuer une visite sous haute tension dans la région autonome du Xinjiang pour y évaluer la situation des droits de l'homme sur place (Image : AP)

La revue Asie-Pacifique de cette semaine est une revue thématique consacrée au rapport d'évaluation des droits de l'homme dans la région chinoise du Xinjiang, publié la semaine dernière par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies.

Le rapport, intitulé "Evaluation des préoccupations concernant les droits de l'homme dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, en République populaire de Chine", a été publié le mercredi 31 août, quelques minutes avant la fin du mandat de Michelle Bachelet à la tête du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

Michelle Bachelet avait promis sa publication avant la fin de son mandat, et un échec aurait considérablement entaché son bilan à la tête de l'organe des Nations unies dédié aux droits de l'homme, en particulier après avoir reconnu avoir reçu une lettre du gouvernement chinois signée par 40 pays. De nombreuses ONG et autres groupes de la société civile craignaient en effet que les pressions du gouvernement chinois, qui tentait d'empêcher la publication du rapport, ne parviennent à enterrer ce dernier ou, du moins, à édulcorer son contenu pour ne pas trop froisser Pékin.

Car la publication du rapport fait suite à une visite de 6 jours en Chine, au mois de mai 2022, par Michelle Bachelet et sa délégation, qui a elle-même été précédée d'une équipe de travail qui s'est, elle aussi, rendue dans la Région autonome ouïghour du Xinjiang.

La visite de la délégation de Madame Bachelet s'est déroulée sous haute tension : le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme tentait d'organiser la visite depuis 2018, peu après la prise de fonction, le 1er septembre 2018, de Michelle Bachelet à la tête de l'organisme, à une époque où les experts indépendants de l'ONU parlaient déjà de centaines de milliers de personnes détenues dans des centres ou transférées de force dans des usines du Xinjiang ou d'autres provinces.

Mais le Haut-Commissariat ne parvenait pas à s'entendre avec le gouvernement chinois sur les termes et les conditions de la visite et insistait pour que certaines garanties de conditions d'accès soient assurées pour permettre une visite indépendante.

Finalement, les médias n'ont pas été autorisés à suivre la délégation dans sa visite au Xinjiang, et Bachelet a reconnu qu'elle n'avait pas pu parler avec des Ouïghours détenus ou au sein de leurs familles, en plus d'être constamment accompagnés par des membres du gouvernement chinois. Elle a aussi admis "ne pas avoir été en mesure d'évaluer l'ampleur réelle des Centres d'enseignement et de formation professionnelle" utilisés depuis 2017 pour détenir 

Des conditions prévisibles que la Haute-Commissaire voulait précisément éviter, mais que cette dernière s'est sans doute sentie pressée d'accepter afin de pouvoir effectuer la visite avant la fin de son mandat. Michelle Bachelet a insisté sur la "priorité de dialoguer directement avec le gouvernement chinois sur les questions des droits de l'homme".

Car il faut dire que malgré les conditions du séjour, la dernière visite d'un Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU en Chine remontait à 17 ans en arrière. La visite de mai 2022 restera donc, malgré les résultats, un des moments clés du mandat de Michelle Bachelet à la tête de l'organisme.

Mais revenons sur le contenu du récent rapport. Le document de 48 pages commence par rappeler que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a commencé à recevoir, à partir de 2017, de plus en plus de témoignages recueillis par des groupes de la société civile et concernant des personnes de la communauté ouïghoure et d'autres communautés minoritaires musulmanes, à savoir des Kazakhs, des Kyrgyzs, des Ouzbeks mais aussi des Hui, disparues au Xinjiang.

Puis, à partir de 2018, plusieurs rapports d'ONG, de groupes de réflexions et de médias ont fait état de détention arbitraire à grande échelle dans des camps, appelés Centres d'enseignement et de formation professionnelle (VETC).

Le rapport indique que les ⅔ des anciens détenus interviewés par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, qui ont été détenus entre deux et 18 mois, ont rapporté avoir subi, dans ces centres, des mauvais traitements pouvant être assimilés, selon le droit international, à de la torture ou à d'autres formes de mauvais traitements.

Plus important encore, le rapport reconnaît de "possibles crimes contre l'humanité" au vu des preuves crédibles de torture et de violences sexuelles, en restant toutefois prudent sur le vocabulaire employé puisque le terme de "génocide" n'est pas utilisé, même s'il est employé par plusieurs gouvernements de la communauté internationale, et notamment aux Etats-Unis.

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