La revue Asie-Pacifique de cette semaine vous propose de faire le point sur la situation au Myanmar, puisque le pays est entré la semaine dernière dans la 4e année de gouvernement militaire depuis le coup d'Etat perpétré par la junte le 1er février 2021.
3 ans, donc, depuis le coup d'Etat où l'armée a pris le pouvoir et où plusieurs cadres de la Ligue nationale pour la démocratie, y compris le président de la République Win Myint, la conseillère Aung San Suu Kyi, ont été arrêtés et sont toujours détenus actuellement.
Ce jour-là, la junte militaire et son chef Min Aung Hlaing avaient imposé l'état d'urgence pour une période d'un an, mesure prolongée à plusieurs reprises depuis, et justifié le coup d'Etat en accusant la Ligue nationale pour la démocratie d'avoir organisé une fraude massive lors des élections générales de décembre 2020. La junte avait aussi promis d'organiser bientôt des élections justes et libres où le pouvoir serait donné au gagnant, sans donner de date.
Trois ans plus tard, l'Association d'aide aux prisonniers politiques, une ONG basée en Thaïlande, indique qu'au moins 24 000 manifestants qui s’opposaient au coup d’État ont été arrêtés depuis ce dernier et 4 000 ont été tués.
Au moins 55 communes sont toujours placées sous la loi martiale et la junte a annoncé la semaine dernière la prolongation de six mois supplémentaires de l'état d'urgence. Près de 2 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays et 94 000 réfugiés ont fui vers les pays voisins.
Le rapport 2024 de l'ONG Human Rights Watch publié le mois dernier, dont on a parlé longuement la semaine dernière, a dressé un bilan très sombre de la situation humanitaire et politique dans le pays. Le rapport fait état "d'abus généralisés et systématiques de la junte à l’encontre de la population — parmi lesquels des arrestations arbitraires, des actes de torture, des meurtres extrajudiciaires et des attaques sans discrimination contre les civils — qui constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre".
Sur le plan militaire et politique, la Ligue nationale pour la démocratie et d'autres opposants politiques ont créé ce qui a été appelé le "gouvernement d'unité nationale", organisé sur le modèle d'un gouvernement en exile, avec en plus une branche armée appelée la Force de défense du peuple (People's Defense Army), qui a recruté des milliers de jeunes et de militants pro-démocratie dans ses rangs en plus de coopérer avec de nombreux groupes rebels armés.
Au cours des six derniers mois, l'armée birmane a essuyé un certain nombre de revers dans certaines régions du pays, ce notamment depuis le 27 octobre, où une importante offensive a été lancée par trois groupes armés regroupées au sein d'une coalition qui a pris le nom d'Alliance des Trois Fraternités (Three Brotherhood Alliance).