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Les ambitions de Hon Hai dans le secteur des véhicules électriques débouche dans un partenariat avec Stellantis

  • 19-05-2021
Décryptage
Hon Hai (Foxconn) et Yulon Motor annonçant leur partenariat pour la création du châssis MIH (Photo Foxconn et CNA)

Hon Hai Precision, plus connu en France sous le nom de sa marque Foxconn Technology, l’avait annoncé en octobre dernier, le groupe a pour ambition de devenir un des leaders mondiaux de l’industrie des véhicules électriques. Il annonçait alors vouloir se servir de ce nouveau secteur pour atteindre 10% de ses revenus en 2025.

Découvrons dans ce décryptage quelles ont été les différentes actions et partenariats du groupe ces derniers mois pour atteindre cet objectif et le premier partenariat européen dans le domaine. Il s’agit d’un protocole d’entente signé hier avec le groupe Stellantis issu de la récente fusion entre le groupe Peugeot Citroën (PSA) et le groupe Fiat Chrysler (FCA).

Hon Hai a de grandes ambitions dans ce secteur des véhicules électriques dont le développement du marché n’en est encore qu’au balbutiement. Pour atteindre son chiffre objectif le géant de l’électronique table donc sur une production de 3 millions de véhicules d’ici 5 ans, ce qui représenterait 10% de la production mondiale de véhicules électriques selon les projections du marché. Pour atteindre ce chiffre le groupe a plusieurs axes stratégiques de développement.

Premier axe stratégique : les batteries solides

Ces batteries dont l’électrolyte liquide est remplacée soit par une plaque de verre soit par un gel et qui sont encore au stade de recherche. Les batteries solides sont réputées pour être les futures remplaçantes des batteries au lithium-ion, actuellement majoritaires mais qui sont présentées comme une technologie de transition compte-tenu des incovénients de cette dernière. Que ce soit l’inflammabilité à 35 degrés celsius, le temps de chargement ou encore l’utilisation du cobalt, un métal aussi rare que polluant.

Les batteries solides présentent beaucoup d’avantages : une très grande plage de stabilité face aux différences de température qui se situe entre -30 degrés et 100 degrés, une vitesse de charge extrêmement rapide (on parle d’une minute pour charger un téléphone portable par exemple). Mais encore sa légèreté et la possiblité de créer une électrolyte solide sans ajouter de matières trop rares ou polluantes. Le prix pourrait être également abordable dans certains cas. Cependant aucun industriel a réussi à percer le secret de comment compenser ses deux plus grands points faibles : une puissance délivrée trop faible pour correspondre aux performances d’une voiture thermique ou électrique et l’espace qu’occuperait de telles batteries qui sont beaucoup volumineuses. Néanmoins des leaders de l’automobile, comme BMW, ont déjà annoncé pouvoir trouver une solution d’ici 2030.

Dans ce secteur Hon Hai annonce avec grande ambition pouvoir maitriser cette technologie d’ici 2024, mais le deuxième axe stratégique est la clé, selon le fabricant, de sa réussite où d'autres ont échoués dans le secteur des batteries solides.

Deuxième axe stratégique : les logiciels d’intelligence artificielle

L’écosytème des startups et technologies innovantes à Taiwan est effectivement déjà très avancé dans ce domaine et Hon Hai possède également à son actif plusieurs logiciels et applications déjà opérationnels, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, qui vont pouvoir permettre à Hon Hai d’offrir un ensemble de logiciels clé en mains aux fabricants de véhicules électriques du monde entier. Selon le constructeur, un des principaux domaines dans lequel il pourrait aider est une intelligence artificielle de gestion de la batterie. Sa stratégie repose sur le fait que les batteries solides qu’il voudrait fabriquer n’auraient pas besoin d’être aussi performantes que des batteries lithium-ion car le manque de puissance serait compensé par une ultra optimisation du rendement des batteries solides. Ce projet n'est d'ailleurs pas le seul dans lequel Hon Hai est confiant, on la retrouve dans ses ambitions de création de logiciels de gestion d'autres composants du véhicule ou encore de l’ensemble des interfaces, que ce soit l’ordinateur de bord ou les technologies d’écran utilisées par exemple.
Parmi les intelligences artificielles utilisées il y a une autre technologie très importante dans les véhicules électriques. C’est bien sûr la gestion de conduite autonome. Et dans ce domaine Hon Hai est déjà opérationnel et continue à s'améliorer grâce à une présence sur le marché avec les navettes autonomes fabriquées pour les aéroports japonais.

Troisième axe stratégique : le coeur de métier de Hon Hai les composants électroniques

Dans ce domaine, le groupe n’a plus de preuves à faire et est déjà très implanté sur le marché avec un chiffre d’affaire en 2019 de 9,5 milliards de dollars taiwanais soit 280 millions d’euros.

Cette expertise est également ce qui attire des partenariats pour des solutions électroniques et informatiques innovantes complètes lorsque les constructeurs ne veulent pas confier ce genre de développement à un bureau de recherche et développement interne. Les spécialistes de l’automobile n’ont souvent ni le recul ni l’expertise industrielle en électronique pour les véhicules électriques pour s'y aventurer seuls, d'autant plus qu'il est un peu tard pour créer un pôle recherche et développement concernant ce type de produit. C’est donc sur le retard et le manque d'expertise de certains constructeurs que Hon Hai mise son leadership pour la construction de véhicules électriques basé également sur la réputation de la société construite à partir de son excellence dans la fabrication et l’assemblage de produits électroniques de haute technologie.

 

Néanmoins, ces axes stratégiques technologiques doivent aussi être accompagnés de stratégies commerciales. Et pour atteindre ses objectifs le groupe a multiplié ses annonces de collaboration ces dernières semaines. Après avoir investi dans une joint-venture avec la société Yulon Motor pour la fabrication de voitures complètes début 2020 et avoir annoncé mettre à disposition leur châssis de véhicules électriques MIH en octobre dernier pour tout constructeur désireux de vouloir se mettre rapidement sur le marché. Cette année ce sont des collaborations qui ont été annoncées avec des partenaires internationaux de taille.

Fisker : annoncé comme le concurrent direct de Tesla aux Etats-Unis

La marque Fisker, basée sur le nom de son fondateur Henrik Fisker, fabrique actuellement des véhicules hybrides « environnementaux » haut de gamme principalement pour la Jet Set californienne.  La société vise depuis 2020 la production d’un SUV haut de gamme mais plus grand public qui sera 100% électrique sous le nom de Océan. Fisker avait également pour ambition depuis 2018 d’être le premier à révolutionner le monde du véhicule électrique en perçant le secret de la batterie solide et annonçant à l’époque une recharge d’une minute pour une autonomie de 800 km. Un projet qui s’est interrompu en février dernier et pour lequel Fisker a annoncé lui-même que l’enthousiasme a commencé à disparaitre au moment où ils avaient atteint les 90% du processus de développement de ces batteries et n'ont pas trouvé la solution pour les 10% restant. Cela faisait plusieurs mois que la société n’arrivait pas à avancer sur le projet faisant face à un problème technique qu’elle n’a pas mentionné.
Néanmoins, Fisker n’a pas abandonné son projet de véhicule SUV 100% électrique et c’est dans ce cadre que Hon Hai a signé la semaine dernière avec l'américain un partenariat développer un site de production pour leur châssis MIH sur le continent américain. Les premiers véhicules sont sensés sortir début 2023 sur les 4 principaux marchés de l’automobile : la Chine, l’Inde, l’Europe et l’Amérique du Nord. Hon Hai annonçait également être sur le point de finaliser son logiciel d’intelligence artificielle de gestion des systèmes électroniques des véhicules que le groupe a surnommé l’Android des véhicules électriques. L’Océan est prévu d’être vendu sous la barre des 30 000 dollars américains avec la chance d’avoir des lignes conçues par un des maitres du design automobile, Henrik Fisker lui-même, auteur de la BMW Z8 par exemple.

L’annonce de la collaboration avec Stellantis

C’est hier soir, soit le 18 mai, que la nouvelle a été annoncée par Hon Hai. Le 14 mai dernier, la marque a signé un important protocole d’entente avec le groupe automobile européen récemment formé : Stellantis. Stellantis est le nom de la structure dans laquelle se sont réunis deux géants de l’automobile en Europe : le groupe français Peugeot Citroën ou PSA et le groupe italien Fiat Chrysler ou FCA. Ces deux groupes ont fusionné après le rachat d’une grande partie des actions FCA par PSA faisant de ce dernier l’actionnaire majoritaire. Le groupe devient après cette fusion le 9ème fabricant automobile mondiale ou même 4ème en se fiant aux chiffres de 2018, le siège du nouveau groupe européen se situe à Amsterdam. Le nom de Stellantis a été choisit en rapport avec l’esprit de constellation qu'évoquent les 14 marques que le groupe représente désormais : Citroën, DS Automobiles, Opel, Peugeot et Vauxhall pour PSA et Abarth, Alfa Romeo, Chrysler, Dodge, Fiat, Jeep, Lancia, Maserati et RAM pour FCA.

C’est lors d’une conversation en ligne hier soir à 17h40 heure de Taiwan que le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, a annoncé conjointement avec le président de Hon Hai, Young Liu (劉揚偉) , la création d’une joint-venture aux Pays-Bas sous le nom de Mobile Drive. L’accent lors de la présentation a été mis sur le désir d'offrir une expérience utilisateur  unique grâce aux habitacles de véhicules électriques développés par la collaboration. La coopération a ainsi trois objectifs principaux : l'expérience utilisateur au centre de la conception, l’intelligence artificielle pour l’ensemble de l’habitacle et des tableaux de bord et un système d’opération qui ne tombe jamais désuet avec une mise à jour possible à l’infini.

Animateur(s) de l’émission

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