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100 ans du PCC : la « question de Taïwan » et les réactions taïwanaises au discours de Xi Jinping

  • 02-07-2021
Décryptage
100 ans du Parti communiste chinois (Image : AP)

Le décryptage d'aujourd'hui propose de revenir sur le discours du dirigeant chinois Xi Jinping d'hier, à l’occasion des 100 ans de la création du PCC, et sur les réactions taïwanaises des différentes sensibilités politiques de l’île.

 La Chine a célébré hier en grande pompe le 100ème anniversaire du Parti communiste chinois. Une cérémonie de drapeau et une parade militaire ont eu lieu sur la place Tian’anmen pour commémorer la fondation de ce parti, fondé en 1921 et à la tête du pouvoir depuis plus de 70 ans sur le continent chinois.

Le président et secrétaire-général du PCC Xi Jinping a fait un discours remarqué, faisant jouer la corde patriotique en mettant l’accent, tout au long de son élocution, sur la notion de « renaissance de la nation chinoise ».

Xi Jinping a adopté une ligne défensive en affirmant que la Chine s’opposerait aux politiques hégémoniques, que la Chine n’avait jamais persécuté, opprimé ou asservi le peuple d’un autre pays et qu’elle ne se laisserait pas non plus opprimée sur la scène internationale, justifiant ainsi sa position par des menaces extérieures.

Taïwan, Hong Kong et Macao n’ont été abordés que vers la fin du discours, pour affirmer dans un premier temps que Pékin resterait fidèle au principe d’un pays, deux systèmes dans les deux régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao, qui bénéficient, selon Xi Jinping, « d’un haut degré d’autonomie ».

Le dirigeant chinois a affirmé que le Parti protégerait la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement chinois en assurant la stabilité sociale à Hong Kong et à Macao.

Le président a ensuite s’est ensuite attaqué à l’autre rive du détroit, déclarant que la « question taïwanaise » et la réalisation de la complète réunification était une « mission historique et un engagement inébranlable du PCC », en plus, bien entendu, d’être « une aspiration partagée par tous les fils et les filles de la nation chinoise ».

Xi Jinping a aussi assuré que la Chine « maintiendrait le principe d’une seule Chine et le consensus de 1992, un concept promu par le KMT selon lequel les Chine et Taiwan reconnaîtraient qu’il n’y a qu’une seule Chine tout en laissant une ambiguïté sur la définition de cette Chine, même si Pékin n’a jamais reconnu cette ambiguïté et a toujours affirmé qu’il n’y en avait en effet qu’une seule Chine mais qu’il s’agit de la Chine communiste.

Le président chinois a ensuite réaffirmé, dans des termes similaires utilisés dans des discours précédents, son engagement à faire avancer la « réunification pacifique de la nation » et a appelé les « compatriotes des deux côtés du détroit de Taïwan à s’unir et à avancer à l’unisson » vers ce but, tout en promettant de « détruire toute tentative d’indépendance de Taïwan ». Il a enfin précisé que « personne ne devait sous-estimer la résolution, la volonté et la capacité du peuple chinois de défendre leur souveraineté nationale et l’intégrité territoriale chinoises ».

De l’autre côté du détroit, la commission ministérielle des affaires continentales (MAC) a appelé Pékin à abandonner ses actions coercitives, l’oppression politique et ses actions tyranniques et à enfin devenir une partie responsable engagée pour la paix régionale ».

Elle a également appelé baser les relations interdétroit sur le respect mutuel et la bonne volonté, tout en rappelant que la société taïwanaise, dont les valeurs fondamentales sont la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit, avaient depuis longtemps rejeté la politique d’une seule Chine et le soi-disant « consensus de 1992 ». 

La commission a enfin déclaré que « Taiwan restait déterminé à défendre sa souveraineté nationale et son système démocratique », mais aussi à s'assurer du maintien du statut-quo dans le détroit de Taiwan tout en proposant à la Chine « la paix, l’égalité, la démocratie et le dialogue ».

Quant au DPP, parti au pouvoir, il a réagi à la cérémonie d’anniversaire chinoise en réaffirmant que « Taïwan est un pays libre, démocratie, souverain et indépendant » et en accusant la Chine d’opprimer Taïwan dans le but d’atteindre son objectif de « renaissance de la nation ».

Du côté pan-bleu de l’échiquier politique, l’ancien président du KMT Lian Chan s’est exprimé à titre personnel pour féliciter le PCC en reprenant les mêmes termes utilisés dans le discours de Xi Jinping. Lian Chan a ainsi reconnu que l’ancien ennemi du KMT avait « mené la construction de la partie continentale de la Chine depuis 72 ans » et que le « processus de renaissance de la nation chinoise avait atteint un nouveau sommet dans les 5000 ans d’histoire chinoise ». Il a ensuite ajouté qu’il espérait un développement pacifique des relations interdétroit et a dit souhaiter, toujours en reprenant l’expression du dirigeant chinois, que « tous les fils et les filles de la Chine travailleraient ensemble pour l’avenir de notre nation et pour construire un nouvel avenir ».

Réaction similaire du côté de Hung Hsiu-chu, ancienne présidente éphémère du KMT et candidate à la présidentielle, démise à l’époque car jugée trop pro-Chine. Hung Hsiu-chu a adressé un message de félicitations au PCC en affirmant que la « grande renaissance de la nation chinoise était une nécessité historique ». Elle a ajouté qu’elle « espérait sincèrement que les deux rives du détroit puissent progressivement fusionner et travailler dur pour accomplir la grande cause de la réunification nationale et construire ensemble le rêve chinois de prospérité, de renaissance nationale et de bonheur populaire ».

Enfin, le président du People First Party Song Chu-yu et le président du Nouveau parti Wu Cheng-dian ont eux aussi félicité le PCC et soutenu l’objectif de Xi Jinping de « renaissance de la nation chinoise » et de réunification pacifique.

Mais le plus intéressant reste la réaction du KMT, qui a décidé de ne pas adresser de message de félicitations, se démarquant radicalement des autres partis du camp pan-bleu malgré sa désormais longue tradition pro-Chine.

Le principal parti d’opposition a déclaré espérer que les partis politiques des deux côtés du détroit puissent travailler ensemble à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan, à la liberté et à l’égalité des peuples et à trouver ensemble une base de dialogue politique. Mais il a également ajouté que le progrès dans les relations interdétroit ne devait pas se faire en compromettant la démocratie et de la liberté, des propos déjà entendus depuis la présidence de Johnny Chiang à la tête du parti.

Le KMT a aussi déclaré que la confrontation continue entre les deux rives constituait un défi sérieux pour la population taïwanaise et a rappelé que les valeurs de liberté et de démocratie du père fondateur de la République de Chine, Sun Yat-Sen, devaient servir de base aux relations interdétroit, faisant ainsi appel à un terrain commun d’entente puisque Sun Yat-Sen est aussi une figure importante du récit national chinois.

Un changement sensible dans les discours qui montre qu’après une défaite cuisante aux dernières élections, le KMT dirigé par Johnny Chiang, a bel et bien pris conscience de sa position délicate et de l’évolution de la société et, avec elle, de l’opinion publique taïwanaise.

Animateur(s) de l’émission

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