L’édition 2022 de la “saison de la littérature” débutera demain, et se tiendra jusqu’au 9 juin prochain, et comprend toute une série de manifestations culturelles sur le thème que l’on pourrait traduire, maladroitement sans doute, par “Transformer le jour”.
Huang Ji-quan, programmateur du festival, explique pourquoi c'est ce thème qui a été choisi : “L’idée du thème, “transformer le jour”, est de se demander si, dans le contexte de pandémie, il est possible de retrouver nos vies d’avant, de pouvoir sortir comme bon nous semble, sans porter de masque et sans avoir peur. C’est dans ce contexte que nous avons décidé de ce thème, en coopération avec le Bureau de la culture de la ville de Taipei, qui est à l’origine de ce festival. La pandémie est déjà là depuis deux ans, et il ne semble pas qu’elle va disparaître dans l’immédiat. Il nous faut donc vivre avec, trouver de nouveaux modes de vie qui soient sûrs et rassurants.”
Le célèbre poète et calligraphe taiwanais Hsu Hui-chi, invité pour présenter la programmation de cette année, s’est donc armé de paille de riz pour calligraphier le thème de cette année en chinois. Le calligraphe a déclaré que selon lui, le thème signifiait apprécier l’importance du temps dans la vie de tous les jours et, en ces temps de pandémie, de vie restreinte, la possibilité de prendre d’autres chemins pour créer des nouvelles formes de liberté.
Le festival revêtira une forme hybride, avec des manifestations et des événements en présentiel mais aussi des événements en ligne. Le programme comprend notamment des spectacles, avec par exemple “Comedy Girl”, un groupe de 6 femmes humoristes qui mêlent talk-show à l'américaine et manzai/duo comique de style japonais, qui a été invité à interpréter une pièce de théâtre littéraire.
Comme chaque année, le festival organise une série de conférences avec 30 intervenants différents tels que Tsai Bi-ming, écrivaine et chercheuse spécialisée dans l’histoire de la pensée chinoise et en particulier sur le taoïsme et la médecine, et professeure de littérature chinoise à l'Université nationale de Taiwan.
Cette année, l’invité d’honneur est un célèbre écrivain chinois Chan Koon Chung, qui est aussi activiste et journaliste. C’est Chen Guanzhong lui même qui animera trois de ces conférences, qui parlerons littérature mais aussi cinéma :“Le sujet de la 1ère conférence tournera autour de mon propre processus créatif, et notamment en ce qui concerne les romans et les articles. La 2e se concentrera sur plusieurs publications culturelles, et en particulier la revue “Haowai”, que j’ai fondée en 1976. Dans la 3e conférence, nous parlerons de l’expérience cinématographique et j’évoquerai comment j’ai été inspiré, lorsque j’étais jeune, par le cinéma hongkongais et comment j’ai ensuite participé à cette production cinématographique dans les années 1980. J’espère que tout le monde viendra participer avec enthousiasme.”
Également dans le cadre du festival, des expositions littéraires seront organisées, dont une sur 49 auteurs dont le travail est intimement lié à la vie de tous les jours, un peu dans le style “tranche de vie”. Mais une autre exposition est aussi prévue dans le bâtiment de Bopiliao, dans le vieux quartier de Taipei.
La programmation annonce aussi une coopération avec la Bibliothèque nationale de Taipei et des libraires, afin d’étendre la visibilité des conférences et du festival, en proposant notamment des recommandations de lecture.
Autre élément de la programmation, encore plus original, les itinéraires de pèlerinage urbain, trois itinéraires de balades urbaines organisées en groupe, qui passent par plusieurs temples de la ville pour explorer la culture religieuse de la capitale, mais toujours, comme l’explique Huang Ji-quan, avec un lien avec la littérature :“Chaque année, nous avons une sorte de "pèlerinage urbain”, souvent centré sur des temples. Malheureusement, le nombre d’inscriptions est limité. Il y a plusieurs balades : une, par exemple, sera organisée dans l’arrondissement de Wenshan, et permettra de visiter le temple Zhinan, un lieu religieux important de l’arrondissement qui compte 1000 marches ! Nous avons prévu un guide spécialisé et un professeur pour mieux connaître ce temple. Dans une autre visite, les personnes pourront visiter les trois plus célèbres temples de Matsu de la capitale. Il faut savoir que pendant la période japonaise, il y avait beaucoup de littérature qui faisait de la déesse Matsu un personnage principal de diverses histoires. Nous avons donc demandé à un professeur d’axer la visite de ces trois temples sur cette littérature.”
Et enfin, le festival comprend un volet cinéma avec, entre le 27 mai et le 9 juin, un festival de films au cinéma SPOT Taipei, qui proposera deux focus : le cinéaste grec Theo Angelopoulos, le grand représentant du Nouveau cinéma grec décédé il y a dix ans, et qui écrivait ses scénarios comme des nouvelles, de façon très littéraire. Et le deuxième focus sera le célèbre écrivain français Marcel Proust, auteur de “A la recherche du temps perdu”, qui savait comment observer les petits détails anecdotiques du quotidien et de sa vie limitée et les rendre intéressants aux lecteurs.
C’est donc un programme très riche qui mêle littérature, théâtre, humour, musées, cinéma, conférences, déambulations urbaines et bien d’autres choses encore, à découvrir à partir de demain et pendant trois mois, jusqu’au 9 juin prochain !