Le décryptage de ce mercredi 1er mars est consacré à la commémoration du massacre du 28 février, jour férié à Taïwan qui a été rebaptisé Jour de la mémoire de la paix. RTI vous propose un reportage réalisé hier à Taipei, entre Zhongshan et la gare centrale, pour suivre le cortège d'une manifestation organisée en mémoire des victimes de ce que beaucoup de Taïwanais appellent pudiquement "l'incident du 28 février".
Le cortège était composé cette année de plus de 50 ONG à forte tendance indépendantiste, avec en tête de nombreux représentants et membre de l'Eglise presbytérienne de Taïwan, qui a fortement contribué au mouvement de démocratisation du pays.
Étaient également présents des groupes plus politiques, comme par exemple le New Power Party, ainsi que des ONG, comme l'Association taïwanaise pour les droits de l'homme, qui ont fait cette année le choix de ne pas participer à la commémoration officielle organisée par la ville de Taipei.
Le secrétaire-général de l'Association, Shi Yi-Hsiang, a justifié ce choix par l'identité du nouveau maire de la capitale taïwanaise, une personnalité controversée pour son historique familial : "Le maire actuel de Taipei est un descendant de la famille de Chiang Kaï-shek : c'est une vraie humiliation. Nous souhaitons que davantage de Taïwanais puissent se mobiliser et ne pas oublier les leçons de l'histoire. Nous continuons à militer pour que la ville de Taipei mais aussi le gouvernement taïwanais supprime les symboles de l'autoritarisme de l'espace public, comme, par exemple, le mémorial de Chiang Kaï-shek ou les rues qui portent son nom. À Taïwan, que ce soit sous Ma Ying-jeou ou maintenant avec Chiang Wan-an, les excuses ont été très superficielles, de simples paroles qui ne sont ni sincères, ni accompagnées d'actes. Tant qu'il n'y aura pas ce genre d'actions concrètes, nous ne coopérerons pas avec ce genre de personnes pour commémorer le massacre du 28 février."
Etait également présent sur place la Alliance for Referendum for Taiwan, avec un de ses leaders, Tsay Ting-kuei (蔡丁貴) : "il existe à Taïwan différents points de vue concernant les questions liées à l'identité nationale. Il y a tout un groupe de personnes qui sont arrivées de Chine pour se réfugier à Taiwan après 1949 et qui se sont arrogés le pouvoir. Et maintenant, c'est un descendant de Chiang Kaï-shek qui est à la tête de la mairie de Taipei. C'est pourquoi beaucoup n'ont pas voulu participer à la commémoration officielle. Certains reconnaissent et s'identifient aux responsables du massacre, c'est-à-dire au gouvernement de la République de Chine et organisent leurs propres commémorations. Les groupes qui sont avec nous dans cette manifestation défendent, au contraire, l'indépendance de Taiwan. Donc chaque tendance a sa propre commémoration et il est naturellement difficile d'être unis. Sans vérité, il n'y a pas d'unité possible, et donc pas de paix possible."
Sur place également, la Nylon Cheng Liberty Foundation, créé en hommage a Cheng Nan-rong (鄭南榕), militant pour la liberté d'expression qui s'est immolé par le feu en 1989 avant de devenir un des symboles de la démocratisation de Taiwan. Sa fille, Cheng Chu-mei (鄭竹梅), marchait d'ailleurs en 1ere ligne du cortège et a déclaré que les manifestants marchaient pour ne pas oublier et pour le futur.
Le cortège est passé devant la Tianma Tea House, où a éclaté l'incident le 28 février 1947 et où ont été déposées de fleurs, et a terminé sa marche devant le siège du gouvernement, à côté de la gare centrale de Taipei, où la commémoration s'est achevée avec une représentation donnée par la célèbre compagnie de danse contemporaine Tsai Rui-yue.
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