« Sans débat, pas de démocratie ! », tel est le slogan des manifestants qui sont retournés aujourd'hui faire un sit-in autour du Yuan législatif, où se poursuit l'examen des projets d'amendements controversés sur la réforme du Parlement. RTI s'est rendu sur place ce matin pour un reportage.
Alors que le nouveau Président Lai Ching-te (DPP) vient d'être investi, le KMT et le TPP - qui forment la majorité parlementaire - souhaitent avec insistance faire rapidement adopter cette réforme qui vise notamment à élargir les pouvoirs du parlement pour mener des auditions et des enquêtes. Ce qui peut au premier abord être considéré comme une avancée a suscité une vive inquiétude et la colère de la société civile, notamment en raison du non-respect de la procédure. Les députés du DPP n'ont pas pu faire valoir leurs projets d’amendements, la discussion en commission n'a fait que survoler le texte et, au final, les amendements proposés étaient différents de ceux présentés en commission.
Outre la procédure, les critiques de la société civile portent aussi désormais sur le contenu des amendements, notamment la clause de "mépris du parlement". Selon le juriste Song Chengen (Taiwan New Constitution Foundation), si les amendements étaient adoptés en l’état, toute personne résidant à Taïwan pourrait être convoquée devant le parlement et sommée de fournir des informations, y compris confidentielles. Cela ne se limite pas aux officiels du gouvernement, mais peut aussi concerner les membres des ONG, ou même des journalistes. Les personnes refusant de répondre ou de fournir des informations pourraient se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à l'équivalent de plusieurs milliers d’euros.
Des ONG taiwanaises, qui estiment que certains articles de ces amendements vont à l'encontre de la Constitution, font circuler une pétition qui demande - tout comme les manifestants -, que les députés renvoient les projets d'amendements en commission pour un examen approfondi, et une prise en compte des préoccupations soulevées par la société civile.
Les Hongkongais et Tibétains à Taïwan sont particulièrement inquiets des conséquences que pourraient avoir ces amendements, s'ils étaient adoptés, quant à la possibilité pour la Chine de se procurer, à travers certains députés proches du PCC, des informations sur leurs actvités à Taïwan. L'Association taïwanaise des journalistes, qui craint une atteinte au secret des sources des journalistes d’investigation, a aussi signé la pétition qui circule actuellement, et reporter sans frontières a fait écho à cette inquiétude.
Ce soir, les manifestants continuent à affluer. Le sit-in se déroule dans le calme, mais la colère couve. La prochaine manifestation est prévue pour mardi, lors de la poursuite de l'examen des amendements.