Cette émission est la suite de celle de la semaine précédente, en compagnie du maire de Keelung.
Entretien :
Monsieur le maire, la ville de keelung organise l’an prochain la Keelung city expo, un événement majeur concernant l’architecture et l’urbanisme à Taïwan, que peut-on espérer voir durant de cette exposition ?
Lin Yu-chang
Je pense que l’exposition sur la ville de Keelung a deux significations. La première, est qu’il s’agit d’une activité à grande échelle liée à la ville. Nous pouvons profiter de cette occasion pour regrouper l’esprit de cohésion et le sentiment de fierté des habitants. Cette activité servira à faire redécouvrir et connaître de nouveau la ville aux habitants.
La deuxième chose concerne les 6 ou 7 dernières années. En fait, concernant mon bagage technique, je suis diplomé de planification urbaine et j’ai travaillé au sein du gouvernement central pendant un court moment, puis je me suis engagé localement.
Nous nous servons de Keelung comme un terrain pour réaliser des idéaux politiques et professionnels. Au cours des 6 ou 7 dernières années, ce qui est un temps très court, nous avons changé complètement la ville. Que ce soit au niveau du design urbain, de la planification, du paysagisme, de l’environnement urbain, du cadre de vie. Nous avons touché à tous ces niveaux.
Cela n’a pas une signification qui ne concerne que Keelung. Nous espérons que les autres villes de Taïwan puissent aussi s’inspirer de tout cela. Pourquoi est ce que Keelung a pu réaliser cela ?
Il y a un facteur très important qui est que Keelung était le plus mauvais élève de Taïwan l’année où j’ai pris mes fonctions. C’était aussi l’année où Keelung a enregistré le taux d’endettement le plus considérable, c’était en 2014. Notre endettement était de 12,4 milliards taïwanais. Le taux était de 47.36 % du budget. Que ce représente ce taux ? A Taiwan, le gouvernement fixe un seuil pour l’endettement des collectivités locales à 50%. A keelung nous étions très proche de ce seuil.
Alors d’une part, non seulement nous avons réalisé des constructions, mais d’autre part, nous avons aussi fait descendre le taux d’endettement aux alentours de 30%. Le montant de l’endettement est d’environ 6,8 milliards de dollars taïwanais. Ca s’est la première chose très importante.
Deuxièmement, les habitants étaient les moins heureux de Taïwan. Le taux de chômage, le taux de divorce et le taux de suicide étaient les plus élevés de Taïwan. A Travers, une gestion efficace et la régénération de la ville, nous avons renversé la situation, et changé son avenir.
Nous voulons dire aux autres villes de Taïwan : vous ne vous trouvez pas dans une situation plus grave que nous et Keelung est un très bon exemple puisque nous avons réussi à renverser la situation en seulement 6 ou 7 ans. Ca s’est une première chose.
La deuxième est que Keelung n’est pas une grande ville mais qu’elle est très importante. C’est un port international et elle se trouve dans l’agglomération urbaine de la capitale. Nous voulons utiliser l’exemple de Keelung comme un catalyseur ou comme exemple pour changer totalement les villes et les comtés de Taïwan. C’est cela que nous voulons montrer et révéler durant la Keelung city expo. Ce sont des idées que nous voulons révéler dans l’exposition, et en plus de cela, derrière les réalisations il y a l’esprit et les valeurs très concrètes qui nous guident dans ce projet de reconstruction et régénération de la ville.
La ville de Keelung n’a pas toujours une image positive auprès des Taïwanais, pensez-vous que cette exposition puisse faire redécouvrir la ville aux Taiwanais, touristes ou même aux habitants de Keelung ?
Lin Yu-chang
Pour changer une ville, il faut envisager l’avenir et garder espoir. Autrefois, les habitants de Keelung n’y croyaient pas. Nous étions pauvres, nous n’avions pas de ressources et pas les conditions nécessaires pour changer. Que pourrait représenter l’exposition pour Keelung, et même pour tout Taïwan ? C’est de prouver qu’on peut rendre possible l’impossible. C’est un exemple d’espoir.
La ville de Keelung est une ville portuaire, qui historiquement a connu de nombreux changements, notamment en fonction des évolutions du port. Votre élection a marqué un changement aussi, puisqu’avant vous, aucun maire de la ville n’était d’un autre parti que le Kuomintang. Vous avez entrepris des travaux de rénovation du centre-ville et du port, mais aussi de nombreux travaux avec des communautés.
Que pensez-vous de politiques durables qui peuvent surmonter la limite des 4 à 8 ans du mandat du maire ? Comment avez-vous fait lorsque vous avez commencé à initier le nouveau changement de Keelung ? Comment un maire peut-il planifier la politique locale sachant que vous ne pouvez rester que 4 à 8 ans.
Lin Yu-chang
J’ai une licence de paysagisme, et un master d’urbanisme. Le sujet de mon mémoire était la mondialisation du développement et de la compétition entre les villes. Cela concerne des échelles différentes. En plus de ça, j’ai des compétences politiques pour mettre en œuvre et concrétiser les idéaux dont nous avons parlé. Les deux sont indispensables. La seule compétence professionnelle n’est pas suffisante, tout comme la seule compétence politique ne l’est pas non plus. Pourquoi ces deux éléments sont indispensables ?
A Taiwan, il y a déjà beaucoup de professionnels de l’urbanisme. Taiwan ne manque pas de spécialistes. Cependant, souvent, ces spécialistes n’ont pas les compétences politiques nécessaires pour réaliser leurs idées.
Il se trouve que je dispose de ces deux compétences. Nous avons parlé du fait que nous avons complètement changé Keelung. Comment changer une ville en si peu de temps ? Parce qu’avant même ma prise de fonction, nous avons travaillé rapidement pour établir une ligne directrice pour le développement de la ville sur des décennies. Ensuite, il faut bien établir une tactique afin de concrétiser ces plans.
Donc je ne concevais pas de plan en me limitant à la seule ville de Keelung. Nous plaçons Keelung dans le grand Taipei qui représente une population de plus de 10 millions d’habitants. Cela est pour redéfinir le rôle de Keelung. Nous observons l’ensemble des 4 villes de Taipei, du Nouveau Taipei de Taoyuan et de Keelung pour connaître le développement de cet ensemble urbain et retourner ensuite aux problématiques de Keelung.
Si on étudie à une échelle plus large, on peut avoir une vision plus claire. Par exemple, ici on analyse les divers secteurs de cet ensemble, les systèmes de transport, le métro, et puis après ces analyses on peut revenir à Keelung pour réfléchir sur sa reconstruction. Vous devez avoir un point clé.
A Keelung l’un des points clé est la reconstruction autour du port. Pourquoi faut-il faire de cette manière ? Parce que notre temps, nos ressources matérielles et humaines, sont limitées.
Vous m’avez demandé comment réaliser tout cela en si peu de temps ? C’est parce que nous avons établi un plan global et que nous nous sommes concentrés sur des points. Vous devez trouver un point prioritaire et concentrer vos ressources et forces pour créer une brèche, comme cela vous pouvez obtenir rapidement des résultats.
Ca s’est très important pour les collectivités locales parce qu’on a la contrainte de la limite de mandats. Les habitants n’ont pas le temps d’attendre un résultat qu’on pourrait apporter seulement dans 10 ou 20 ans. Il veulent voir des résultats rapidement.
De plus, il faut avoir une vision globale et commencer par des petites choses. On cherche parmi les petits points clefs et si on estime que certains sont plus faciles à atteindre, on s’y atèle et on intervient. Le chantier naval d'Agenna, l’école élémentaire Taiping, etc. Il y a beaucoup de projets de rénovations.
Pourquoi est-ce qu’on invite les habitants à participer ? C’est en lien avec cela. C’est pour renforcer la confiance des habitants vis-à-vis du maire et de la municipalité. La confiance est très importante, parce qu’on croit souvent que les candidats à la mairie présentent leur programme juste pour les élections et qu’ils ne sont pas contraints de les réaliser. Moi personnellement, je veux gagner la confiance des habitants pour qu’ils croient que tout ce que dit le maire sera réalisé. Pour cela, on accumule les choses petit à petit. Une fois la confiance établie, les gens croient que vous pouvez réaliser les choses même les plus difficiles. De cette manière, les gens apportent leur soutien, soutiennent le maire à réaliser des choses encore plus difficiles. Avec le soutien des habitants, même les conseillers municipaux ne cherchent pas à s’opposer à mes projets, au contraire ils me soutiennent.
Comme vous avez dit, au cours des 60 dernières, Keelung a été dirigée quasiment uniquement par le Kuomintang. Le conseil municipal actuel est composé environ de 70% de conseillers du Kuomintang mais ils ne s’opposent pas à mes projets.
Mon budget n’est pas non plus réduit arbitrairement. Sur le plan politique, même des conseillers municipaux du KMT me soutiennent. Ils peuvent voir que même si je ne suis pas du même parti politique, notre équipe arrive à réaliser des choses qu’ils n’avaient même pas imaginé. Si je vous ai expliqué tout cela, c’est pour vous montrer que ce plan de reconstruction du port ne se limite pas aux travaux, mais que derrière il y a plus de valeurs.
Moi, je suis le maire de Keelung, donc théoriquement, j’ai tous ces terrains sous ma juridiction, sauf que certains terrains que vous voyez dépendent du gouvernement central. La plupart sont sous l’autorité du port, ici ce sont les terrains du bureau des chemins de fer et il y a aussi des terrains militaires.
La plupart ne sont pas sous mon contrôle. Keelung donne un bon exemple qui démontre que les villes peuvent travailler au même niveau que le gouvernement central, alors qu’avant on imaginait que les villes étaient toujours au dessous du gouvernement central.
Le gouvernement central et le gouvernement local travaillent au même niveau. C’est plus égalitaire. De plus, concernant le développement urbain, nous avons montré que le gouvernement de Keelung peut se trouver au dessus et que le gouvernement peut suivre.
Pourquoi ? Parce que nous disposons de l’expertise et que nous indiquons au gouvernement central quoi faire. Comment convaincre le gouvernement central ? Nous devons leur montrer que c’est dans leur intérêt. De surcroît, ca rend plus efficace les projets de développement de la ville.
Si nous arrivons à convaincre le gouvernement central, c’est après plusieurs essais. Ils finissent par me faire confiance et à suivre les conseils du maire, et voient que cela est dans leur intérêt. Nous pouvons les aider à résoudre certains de leurs problèmes et souvent ils nous suivent.
Cette exposition est-elle aussi pour vous une occasion de mettre en avant les projets que vous avez engagé ?
Lin Yu-chang
Oui et l’exposition de la ville de Keelung a une autre particularité. Celle-ci sera différente des éditions précédentes. Le lieu de l’exposition sera l’ensemble de la ville. L’exposition ne se déroule pas uniquement à l’intérieur d’un bâtiment. Vous pourrez vous rendre sur place et toucher, expérimenter tous les projets que je viens de vous montrer. La plupart de l’exposition se trouve à l’extérieur. Ce n’est pas une exposition statique en intérieur.
Vous avez passé bientôt 8 ans au poste de maire de la ville, qu’espérez vous pour le futur de la ville et du rôle de la future équipe municipale qui vous succédera ?
Lin Yu-chang
Quand on a pensé le futur développement de Keelung, on ne regardait pas d’un point de vue politique ou du parti. Pour penser la planification de keelung, nous avons eu une vision professionnelle.
C’est un cas assez exceptionnel dans les villes du monde entier. Les maires, la plupart du temps n’ont pas étudié la planification urbaine. Les diplômés de ce domaine peuvent difficilement devenir maire. C’est un peu étrange, puisqu’on ne parle pas de politique. Ce qui nous intéresse c’est une planification raisonnable et de plus grands intérêts.
Je suis convaincu qu’il est est peu probable que le prochain maire ou le suivant prenne une autre voix que ce que nous avons planifié. C’est le résultat de réflexions rationnelles et de discussions. Nous avons fixé la direction, nous avons établi les stratégies, et nous avons même acquis le budget nécessaire. De plus, concernant que j’attends du maire suivant, je n’attends pas qu’il suive exactement ce que j’ai planifié. Le nouveau maire aura certainement de nouvelles idées, mais au moins, il peut profiter de ces acquis.
L’an dernier, la ville de Keelung a organisé des conférences internationales pour présenter des projets urbains et des politiques de développement urbain d’autres villes internationales, y aura-t-il un lien dans la Keelung city expo avec ces conférences ?
Lin Yu-chang
Je pense que les villes ont toutes leurs particularités et leur renommée, mais, comme les individus, elles sont toutes différentes. Il y a un point commun entre toutes. Les gens cherchent toujours la même chose : une vie confortable, un bon environnement, une bonne économie, des activités sociales.
Je sais qu’à Paris au cours des années précédentes, il y a eu la politique de la ville du quart d’heure, lancé en 2016. Ce qui est intéressant c’est qu’à Keelung, nous avons un projet similaire mais notre approche est différente en raison de la morphologie urbaine et de l’environnement.
Les villes sont différentes mais il y a des points communs. A Paris, la politique de la ville du quart d’heure concerne probablement plus les besoins du quotidien. A Keelung, a travers deux projets, nous avons réalisé des choses similaires. Le premier est de partir d’une école pour réaliser un plan d’amélioration de l’environnement. Ou plutôt le premier est de réaliser ce plan. Sur cette carte, là, c’est un établissement scolaire.
Pourquoi sommes-nous partis d’une école primaire ? Auparavant, les écoles primaires taïwanaises avaient pour but de répondre au besoin du quartier et communautés alentours. La couverture de ces écoles permettait aux enfants de moins de 12 d’aller à l’école à pied. Les enfants de cet âge là mettaient environ de 15 à 30 minutes pour aller à l’école. Nous voulons utiliser cette école comme un centre de quartier pour mener notre plan d’amélioration du quartier. Ce qu’on doit améliorer, ce sont les accès, les routes et les parcs locaux dans le quartier, les moyens de transports, les espaces publics, etc. Il faut améliorer tous ces détails.
De plus, nous devons regrouper les besoins des habitants. Il y a une demande d’écoles maternelles des jeunes. Avant il n’y avait pas d’école maternelle au sein des écoles primaires. J’ai décidé que chaque école primaire publique devait intégrer une école maternelle. Maintenant nous avons 70% d’écoles primaires publiques, et 30% de privées. Avant c’était l’inverse. On propose maintenant plus de services aux enfants. Par ailleurs nous implantons des centres de services sociaux, des centres pour personnes âgées, des centres d’activités ou des bureaux des chefs de quartier près des écoles primaires. Nous nous préoccupons des habitants de tous âges, allant des très jeunes aux personnes âgées.
De plus, cette organisation ne concerne pas seulement des points localisés mais cela couvre toute une zone. Nous nous sommes rendus compte qu’il ne s’agit pas seulement d’une réorganisation spatiale mais que cela réduit la consommation d’énergie. C’est une gestion de ville durable. Vous n’avez pas besoin de conduire de moto ou de voiture. En conclusion, on peut dire que les villes de Keelung et Paris réalisent des choses similaires sans se concerter.
Pouvez-vous préciser ce dont vous parlez en ce qui concerne la ville durable ?
Lin Yu-chang
Nous avons fait installer des panneaux solaires sur les toits de toutes les écoles, soit 51 écoles primaires et secondaires. 21% des gains de production d’électricité grâce aux panneaux solaires sont versés à l’école, c’est le taux le plus haut de Taiwan. Ca c’est une approche.
Un autre axe concerne, en parallèle, la culture et l’histoire. Le projet de reproduction de la scène historique du Grand Keelung est très particulier. Autrefois, dès que le gouvernement local entendait parler de conservation ou de protection du patrimoine, ils avaient peur parce que cela signifie interdiction de développement. A travers ce plan, non seulement nous ne nous opposons pas à la protection du patrimoine, mais nous avons relié les différents sites pour créer un réseau.
Certains sont des open space, d’autres des espaces verts, des parcs, etc. Ils sont intégrés à la vie locale et cela améliore la vie des habitants. Ce projet initié par le gouvernement local, a ensuite été adopté par le ministère de la Culture pour être appliqué au niveau national. C’est un autre exemple de l’inspiration des projets de Keelung pour les autres villes. Ce projet est conduit par le bureau municipal de la culture. Les autres bureaux, l’urbanisme, les transports, l’économie, etc. doivent collaborer. Ce projet est similaire à la ville du quart d’heure. La conduite de ces différents projets a eu un effet supplémentaire. Auparavant, les différents bureaux qui travaillaient chacun de leur côté ont dû coopérer sous ce modèle de projet inter-départements.
A travers ce genre de modèle, c’est aussi une raison pour laquelle nous sommes arrivés à réaliser nos plans en si peu de temps. Dans le développement d’une ville, il faut non seulement, l’intelligence, le professionnallisme, la compétence politique, mais aussi une capacité de gestion administrative, et savoir maîtriser et faire bon usage des différents services de l’ensemble de l’administration.
Vision sur le port et le centre-ville de Keelung. Située au nord-est du pays, le deuxième port du pays doit composer avec une situation entre mer et montagne. (photo Morgane Le Guilloux)
La municipalité a lancé de grands projets de rénovations du port, des espaces publiques et de divers services publiques. (Image Ecoscope)
Une vision de la densité bâtie à Keelung (photo Morgane Le Guilloux)
En arrière plan, au pied du signe "KEELUNG", l'ancienne école Taiping aujourd'hui reconverti en librairie. La municipalité a engagé des efforts pour construire de nouveaux lieux de ce genre, ouverts au public, en employant des démarches participatives. (photo Morgane Le Guilloux)
Vue depuis les hauteurs au niveau de l'ancienne école Taiping. L'accessibilité et le lien avec la montagne complexifie les circulations dans les différents quartiers. Au cours des décennies précédentes, plusieurs quartiers enclavés sont sortis de terre. (photo Morgane Le Guilloux)
Depuis quelques années, des activistes, artistes ou entrepreneurs cherchent à se baser sur l'identité culturelle du port pour inventer une nouvelle identité et un imaginaire de la ville. Ici, nous observons le port de Zhengbin (photo Morgane Le Guilloux)
La rénovation du patrimoine architectural est un nouveau levier de développement culture et identitaire. (Photo Vision Thinking)
La municipalité tente de développer des démarches communautaires et participatives pour réactiver ou dynamiser des quartiers. Artistes ou professionnels du "community building" sont invités à participer ou mener des démarches. (Photo Vision Thinking)
La ville a une importante identité portuaire. La ville doit composer avec de nombreuses entités administratives propriétaires de terrains. (Photo Morgane Le Guilloux)
Anecdote, la ville de Keelung dispose d'un ancien cimetière français dont l'origine remonte à la guerre franco-chinoise. Ici, le maire de Keelung et le Sénateur français Alain Richard durant l’inauguration du parc historique et culturel Shawan (photo CNA)
Lin Yu-chang (林右昌), maire de Keelung et Clément Tricot, journaliste Rti