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Qui sont les étudiants de l'Université nationale de Taïwan?

  • 02-12-2022
Info jeunesse
Entrée principale de l'université nationale de Taiwan (source flickr)

Selon une étude taïwanaise, les enfants des familles aisées ont six fois plus d’opportunités d’entrer à l’Université nationale de Taïwan (NTU) que ceux des milieux pauvres, et le gouvernement investit plus sur les étudiants de la NTU que dans les établissements privés. Cela signifie que les enfants des familles riches bénéficient plus grandement des ressources gouvernementales. Quels problèmes de l’enseignement supérieur taïwanais se cachent derrière ces chiffres ? L’enseignement universitaire est-il l’outil pour changer toute une vie ou au contraire limite-t-il davantage les possibilités ?

Lin Ming-jen (林明仁), professeur en économie de l’Université nationale de Taïwan et Shen Hui-chih (沈暉智) qui a réalisé le mémoire intitulé « l ’éducation modifie-t-elle la structure sociale ? Revisiter l'inégalité des chances d'éducation selon le revenu » ont utilisé les données fiscales du ministère des Finances et celles des études des enfants pour analyser la formation des enfants nés entre 1993 et 1995 et le revenu de leur famille. Il s’avère que la possibilité d’intégrer la NTU et d’autres universités d’excellence est plus grande pour les enfants de familles riches. D’autre part, il apparaît qu’ils bénéficient de plus de ressources.

D’après ces données, il est possible d’analyser quatre phénomènes particuliers :

Que disent les chiffres ?
D’après cette étude, 51% des étudiants de l’université nationale de Taïwan sont issus des 20% des familles les plus riches ; c’est-à-dire que leur revenu familial se situe entre le 80e et le 100e centile. Cette étude révèle que les enfants issus de familles dont le revenu se situe au 70e centile ont environ 1% de chance d’entrer à l’Université nationale de Taïwan. Et la probabilité augmente lorsque le niveau de revenu de famille est plus élevé. Ainsi, les enfants des familles dont le revenu est au 90e rang centile jouissent d’une possibilité d’intégrer la NTU qui dépasse les 5% et peut atteindre les 6%. Cela signifie que plus le revenu d’une famille est élevé plus la possibilité de ses enfants d’intégrer la NTU est grande.

En comparant des familles dont le revenu est au 100e rang centile avec celles du 10e  centile, on constate que les enfants des familles les plus riches (100e centile) sont 6 fois plus susceptibles d'entrer à la NTU que ceux des familles les plus pauvres (10e  centile).

Que signifie le rang centile ?
"Centile" signifie que des données classées du plus petit au plus grand sont divisées en 100 parts égales, avec ainsi 99 valeurs de partage. Les valeurs correspondant à ces 99 points de segmentation sont appelées 1er rang centile, 2er centile, 3e centile... jusqu’au 99e centile de ces données. Les données de recherche de cet article utilisent les rangs centiles pour comparer le revenu familial, c’est-à-dire classer le revenu familial national du plus bas au plus élevé. Par exemple, 100 étudiants sont sélectionnés dans tout le pays par un tirage au sort, et ils sont classés dans une rangée de bas en haut selon le niveau de leur revenu familial. Le 70e centile désigne un étudiant qui occupe la 70e position, c'est-à-dire que le revenu de sa famille est supérieur aux 69 étudiants devant lui. Le revenu familial de ce 70e étudiant peut donc être appelé le 70e centile.

Le revenu familial médian annuel des étudiants de la NTU est d'environ 1,5 million de dollars taïwanais (environ 46 900 euros), ce qui est supérieur à celui d’1,1 million de dollars taïwanais (34 400 euros) des étudiants de toutes les universités publiques confondues et bien supérieur à 1 million de dollars taïwanais (31 000 euros) des étudiants des universités privées. Si nous analysons les universités nationales selon leur ordre de classement, nous constatons également que le revenu médian des ménages des étudiants décroît progressivement, ce qui indique que les enfants de milieu riche ont une probabilité plus élevée d'entrer dans les meilleures universités que ceux des milieux pauvres.

Que signifie la médiane ?
La médiane signifie que sur ensemble de données classées de la valeur la plus petite à la plus grande, celle du milieu est la valeur médiane, c'est-à-dire que la moitié des données est supérieure à la médiane, tandis que l'autre moitié est inférieure à la valeur médiane.

S'il existe des valeurs maximales et minimales dans les données numériques comme le revenu des ménages, la valeur moyenne peut être influencée par les valeurs maximale ou minimale. Dans une telle situation, la valeur médiane est plus représentative de la situation de la plupart des ménages que la valeur moyenne.

En économie, concernant l'influence du revenu des parents (revenu parental) sur le revenu des enfants (revenu des enfants), il est décrit que l’éducation (ressources humaines) joue un rôle intermédiaire important dans l’élasticité intergénérationnelle des revenus. C’est-à-dire qu’une personne éduquée peut non seulement augmenter ses propres revenus dans la vie, mais aussi investir une partie de ses revenus dans l'éducation de ses enfants, ce qui peut rendre ses enfants plus susceptibles de bénéficier du même « dividende éducatif » (tout comme les parents de la génération précédente, qui ont augmenté leur niveau de revenu grâce à l’éducation et investissent dans l’éducation de leurs enfants). Cela crée un cycle positif de ressources éducatives et influence le revenu des enfants de génération sur génération. C’est pour cette raison que de nombreux spécialistes prônent la promotion de l'éducation qui favorise une mobilité entre différentes classes sociales.

L’économiste Lin Chien-hsun (林建勳) explique que même si l’écart de richesse est important entre les riches et les pauvres dans une même société, si les personnes issues des milieux plus riches ou plus pauvres peuvent évoluer vers le haut ou vers le bas, cela signifie que les efforts fournis peuvent être récompensés. Par contre, s'il n'y a pas d’évolution possible entre les classes, une personne issue d'un milieu difficile est vouée à la pauvreté pour la vie, ce qui risque de l’empêcher de fournir des efforts et d’investir sur elle-même. Il en résulte un cycle négatif au sein de la société.

D’après cette étude, hormis l’Université nationale de Taïwan, le même phénomène s’observe également dans les 5, 10 voire 20 meilleures universités taïwanaises ; c’est-à-dire que les enfants des familles riches sont bien plus susceptibles d'entrer dans les meilleures universités. Ce phénomène n’est pas unique à Taïwan. Lin Chien-hsun cite la recherche dirigée par Raj Chetty, professeure en économie publique de l’Université Harvard aux Etats-Unis qui indique que plus de 80% des enfants issus des familles dont le revenu se situe à plus de 90e centile sont allés jusqu’au niveau universitaire tandis que cette proportion n’est que de 30% chez les enfants issus des familles dont le revenu est inférieur au 10e centile.

Les deux études sur la composition des étudiants de la NTU réalisées par Luoh Ming-ching (駱明慶), professeur en économie de cette même université, dévoilent que les étudiants de la NTU proviennent des régions avec de meilleures structures socio-économiques, tandis que les enfants de régions au développement relativement tardif et à faible revenu présentent beaucoup plus de difficultés pour intégrer l’Université nationale de Taïwan.

Malgré les différents programmes éducatifs visant à assister les enfants défavorisés et des milieux éloignés à faire des études qui réduisent l’effet de richesse sur les études supérieures, l’écart des opportunités pour intégrer les meilleures universités entre les enfants issus des familles riches et pauvres reste important. Les études démontrent que des étudiants issus des familles riches et qui étudient dans des universités comme la NTU ou YangMing ChiaoTung bénéficient également de plus d’investissements de leur établissement. En même temps, les étudiants des universités privées dont le niveau de revenu familial est moins élevé que ceux des meilleures universités bénéficient de moins de ressources. Cela souligne que le gouvernement connaît une situation « d’attribution inverse » dans le partage des ressources éducatives. Par conséquent, les étudiants ayant plus de moyens bénéficient également de plus de ressources.

Dans le but de permettre à davantage de personnes de recevoir une éducation universitaire, le système éducatif taïwanais s'est orienté vers la création d'universités. Cette orientation associée à la baisse du taux de natalité, a permis à presque tout le monde de suivre des études universitaires dans les années 2000. Or, la plupart des enfants issus des familles moins aisées qui ont moins de possibilités d’aller dans des meilleures universités doivent s’inscrire dans des universités privées dont les frais de scolarité sont plus élevés. Ces établissements privés qui proposent moins de subventions que les structures publiques constituent ainsi une charge plus importante pour les familles. En même temps, les étudiants diplômés des universités privées dont le classement est moins favorable sont également moins compétitifs sur le marché de l’emploi. Il en résulte que les diplômes universitaires perdent de leur valeur.

Selon la professeure Chen Ming-lei (陳明蕾) de l’institut des langues et de l’enseignement des langues de Taïwan à l’Université Tsing Hua, la dépréciation de la valeur des diplômes universitaires a accéléré les inégalités générationnelles. Avec la généralisation des universités, la plupart des parents souhaitent que leurs enfants aillent à l’université même s’il s’agit des universités privées dont les frais de scolarité sont onéreux. De nombreuses familles à faible revenu demandent à leurs enfants d’effectuer des emprunts pour suivre des études universitaires. Les jeunes sont ainsi très tôt endettés dès la fin de leurs études universitaires. Mais, les étudiants  apprennent-ils vraiment des choses à l’université ? L'orientation initiale de la politique éducative était peut-être correcte, mais elle a produit des effets secondaires inattendus, et l’allocation des ressources scolaires fournies par le ministère de l'Éducation aux établissements ne permet pas de résoudre le problème « d'accélération des inégalités générationnelles. »

 

Analyse derrière les chiffres

1. Le système éducatif ne permet pas d’accélérer le changement de classes sociales
Dans l’ensemble, cette recherche est la première à Taïwan qui utilise des données pour prouver que le revenu des parents influence l'éducation des enfants. Selon l’économiste Lin Chien-hsun (林建勳) cette recherche montre avec des données claires que la soi-disant réussite scolaire est en lien avec la situation familiale de l’individu. Par conséquent, lorsque le gouvernement ou les établissements scolaires encouragent les élèves ayant de « bonnes notes » à travers le système, ne favorise-t-il pas en même temps l'injustice ?
Cependant, si le gouvernement souhaite utiliser l’éducation pour atteindre l’objectif de changement des classes sociales, il convient ainsi que tout un chacun étudie si le système actuel à Taïwan permet d’aboutir à cet objectif.
La professeure Chen Ming-lei estime que cette recherche souligne trop la dichotomie entre les pauvres et les riches. Elle estime que même chez les familles dont le revenu se situe au 100e centile, la proportion des enfants à l'Université nationale de Taiwan est seulement de 7 %, ce qui reste extrêmement rare. D'un autre point de vue, cela signifie qu’« il est très difficile d'entrer à la NTU, même pour les enfants des familles riches. » Chen Ming-lei reconnaît néanmoins que la redistribution des ressources n’est pas respectée dans l’éducation universitaire. Elle estime que cette recherche souligne qu’il existe un groupe de familles à revenu faible ou moyen au sein de la société taïwanaise qui manquent de possibilités de changement de classes sociales. Pour les étudiants, il ne s’agit pas uniquement d’étudier dans une université, mais plutôt de bénéficier d’une meilleure qualité d’études au sein d’une université. Or, la professeure estime que personne n’informe les parents ou les étudiants qu’en dépensant 50 000 dollars taïwanais (1560 euros) en frais de scolarité par semestre, les étudiants n’apprennent pas forcément quelque chose dont la valeur équivaut à cette dépense. C’est un point qui devrait être examiné.

Se pose ainsi la question de comment redistribuer les ressources limitées du gouvernement. Le changement de classes sociales ne doit pas uniquement dépendre de l’éducation universitaire. Chen Ming-lei estime qu’étant donné que de nombreuses universités d’excellence de Taïwan et de l’étranger proposent des cours en ligne et gratuits, le gouvernement devrait de manière pragmatique utiliser l’argent où c’est le plus nécessaire. Cultiver la capacité d'apprentissage de chacun dès le plus jeune âge, afin que les élèves issus de familles à faible et moyen revenus aient la capacité d'obtenir eux-mêmes des ressources : « dès lors, le phénomène de distribution inversée des ressources ne sera plus aussi grave qu'il l'était. »

 

2. Les canaux d'admission diversifiés aux études supérieures sont encore limités pour aider les étudiants défavorisés
Le rétablissement du système éducatif nécessite du temps. Le plan « multi-étoiles » ou des canaux de sélection de talents mis en place ces dernières années visent à permettre aux étudiants avec du potentiel d’intégrer les meilleures universités qui leur sont appropriées. Chen Ming-lei estime que beaucoup de personnes pensent probablement que la voie d'admission aux universités n'est pas encore assez diversifiée, mais elle ajoute que par rapport à l’examen unique du passé, les voies d’admission se diversifient : « l’orientation est correcte, et le reste nécessite du temps. »

Néanmoins, certains spécialistes estiment que le plan « multi-étoiles » reste un plan de façade.  Tseng Jen-jen (曾真真), directrice de la faculté de finances et de management de l’Université des sciences et technologies Chien Hsin, explique que dans le cadre du plan « multi-étoiles », la plupart des facultés ouvertes à ce plan réservé aux lycées ordinaires ne sont pas des facultés populaires. Par exemple, la plupart des places réservées aux lycées des milieux éloignés ne sont pas des postes très populaires, ce qui constitue à la base une inégalité.

Par ailleurs, Tseng Jen-jen estime que le niveau de revenu familial représente plutôt l’argent et le temps que les parents investissent sur leurs enfants. Le système actuel d’admission diversifiée signifie que les élèves doivent préparer des plans d’études, développer des spécialités, voire obtenir des prix dans des compétitions. « Chacun des éléments de ce système nécessite de l'argent, une planification systématisée et un investissement de long terme, mais pour les familles à revenu faible ou moyen, ces préparations représentent en elles-mêmes des difficultés » a déclaré Tseng Jen-jen.

 

3. Le changement du cours de la vie débute avec l’éducation préscolaire
« Le milieu familial de chacun peut affecter l'imagination des enfants quant à leur style de vie » selon l’économiste Lin Chien-hsun. La société devrait permettre aux enfants de disposer d’un large panel de choix le plus tôt possible. Il avait effectué son service militaire civil dans une école dans la commune Jianshi dans le comté de Hsinchu. Et il avait demandé à ses écoliers en montagne ce qu’ils voulaient faire à l’avenir. Les réponses des enfants étaient assez singulières : la moitié ont dit qu’ils voulaient être enseignant ou infirmier et l’autre moitié voulait devenir basketteur ou athlète. En revanche, les familles des milieux urbains fournissent probablement plus d’opportunité d’études à l’étranger ou d’apprentissage. Par conséquent, la vision et l’imagination de ces enfants sur leur vie future sont plus larges.

En réalité, le changement de classes sociales ne peut pas uniquement dépendre des études dans des universités d’excellence, tout le monde ne peut pas intégrer l’Université nationale de Taïwan. Selon Chen Ming-lei, les ressources sociales sont davantage investies dans l'équipement matériel pour les villages reculés. Les villages des milieux éloignés de Taïwan disposent de matériel et de la 5G. La prochaine étape devrait être de savoir comment faire en sorte que l'éducation de base de ces milieux éloignés arrive à éliminer le manque de vision causé par le milieu familial des enfants. « Le choix des enfants du milieu éloigné ne doit pas se limiter au baseball ou à devenir chef cuisinier », a déclaré Chen Ming-lei qui estime que les enfants devraient pouvoir élargir leur vision. Selon elle, favoriser le changement de classe sociale ne doit pas dépendre uniquement de l’intégration à l’enseignement supérieur. Il faut commencer par l’apprentissage préscolaire des élèves. L’objectif est de faire en sorte que les familles à faible ou moyen revenu fournissent plus d’opportunités de développement aux écoliers grâce à un système éducatif plus complet.

Chen Ming-lei donne l’exemple des professeurs d'université qui peuvent se rendent en zone rurale pour partager avec les enseignants de primaire et secondaire les nouveaux résultats de recherche afin que ces enseignants aient la possibilité de transmettre aux élèves des milieux éloignés et d’étendre progressivement leur vision et leur imagination du monde. Par ailleurs, elle estime qu’il est possible d’intervenir au niveau des enseignants des écoles maternelles et primaires, citant l’exemple du livre américain Trente millions de mots : construire le cerveau d’un enfant ( Thirty Million Words: Building a Child’s Brain) qui a partagé des expérimentations relatives. Par exemple, certains parents dirigent leurs enfants et les aident à planifier : « Il est temps d’aller se coucher, que dois-tu ranger d’abord ? » Mais la plupart du temps, les parents commandent en donnant des ordres : « Je compte jusqu’à trois, range tes jouets et va te coucher ! » La première approche permet non seulement aux enfants de planifier leurs propres plans de lecture, mais elle les aide également à renforcer leurs concepts tels que l'espace et la logique. Par conséquent, à la maternelle ou au primaire, les enseignants peuvent aussi essayer de donner aux élèves la possibilité de réflexion et leur apprendre à choisir en classe. « Ça ne coûte rien », mais cela crée la possibilité de faire changer les élèves, selon Chen Ming-lei.

Le directeur de l’Université Huafan Lin Chung-i (林從一) cite la recherche du Nobel de l’économie James Heckman qui avance que plus une famille investit tôt dans l’éducation d’un enfant, meilleurs sont les résultats. Selon ses recherches, lorsque les parents investissent un dollar dans l’éducation familiale lorsque leur enfant est âgé de zéro à trois ans, le retour sur investissement est de 18 dollars. Le retour sur investissement est de 7 dollars pour un dollar investi pour un enfant de trois à quatre ans, et ainsi de suite. Ce retour sur investissement est de trois dollars lorsqu’un enfant arrive au niveau primaire et d’un dollar lorsqu’il atteint le niveau universitaire. Quant à l’investissement sur un adulte, il a un retour négatif. Lin Chung-i souligne la « théorie de 1000 jours » dans l’éducation pour insister sur le fait que la stimulation avant l'âge de 3 ans est essentielle. Il est possible de procéder en discutant ou en faisant la lecture aux enfants. Bien qu'il soit difficile de changer l'environnement d’une famille, Lin Chung-i estime que le gouvernement peut investir dans l'éducation préscolaire sans dépenser un budget colossal. Par exemple, encourager les étudiants en master et en doctorat à se rendre dans les villages reculés pour lire des histoires aux enfants, représente également une approche possible.

 

Qui nous a aidé à réaliser cet article ?

Rédaction/Li Ting Chen

Photographie/ Yu Chen Cheng

Conception graphique/ Huang Yu-chen

Relecture/Yang Hui-chun

Edition/ Yun Ru Chen

 

 

source: The Reporter

Animateur(s) de l’émission

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